Extrait du journal

Rien ne ressemble plus à un tribunal qu'un aréopage d'examinateurs. L’exa miné y est condamné à la petite mort. Il fait chaud et l’on a froid dans le dos. On transpire et l’on tremble à la fois. Les questions posées arrivent en bourdonne ment à l’oreille du supplicié. On n’inflige pas à ce dernier la peine des brodequins, mais il n’en est pas moins dans ses petits souliers. Les juges sont penchés sur de grandes feuilles qu’ils noircissent de traits rapides et de formules sybillines. Que sortira-t-il de ces signes cabalistiques ? Douloureuse énigme ! Il y a l’examinateur bon enfant, qui com prend l’embarras du patient et y compa tit. Il y a l’augure sévère au front chargé de menaces, le pince-sans-rire, le malin, le joyeux, l’aimable, le triste. Le grincheux aussi, qui cherche la petite erreur, insiste, regarde le candidat d'un air glacial. Voici encore l’examinateur silencieux qui pose une question, reste indifférent en ap parence à la réponse et semble attentif au vol d’une mouche autour de l'encrier ; si le candidat se trompe, il se garde bien de le reprendre et de le ramener sur la lionne voie. L'autre s’aperçoit trop tard qu'il s’est fourvoyé, il patauge, s’embourbe, et l’exa...