Extrait du journal

sucre, si l’on peut dire, serait au Ben gale. On en parlait au temps de l’expédition d’Alexandre le Grand vers l’Inde et en Perse. Les Grecs et les Romains, en 41 après Jésus-Christ, retiraient une sorte de miel des fouilles d’un « roseau sucré ». C’était la canne, ce roseau. Les médecins de Néron appelaient son produit : sel indien, et c’était un produit pharmaceu tique. Les Arabes, une fois maîtres de la Perse, introduisirent le sucre de canne partout, en Afrique, en Sicile, en Espa gne, en Palestine. Les Croisés le trou vèrent agréable et en rapportèrent l'usage en Europe. Ce fut Christophe Colomb qui intro duisit la canne en Amérique, lors de son second voyage. Elle y fit florès, des An tilles et du Mexique jusqu’au Brésil. Vint l’usage du thé, du café, du chocolat dans la vie européenne. La consomma tion du sucre de canne centupla, jus qu'au jour où le Blocus continental arrêta net ce développement prodigieux d’un produit exotique devenu nécessaire à l’existence de deux mondes. En vérité, le centenaire du sucre en vaut un autre. On est allé palabrer en Sorbonne pour des évocations qui ne valaient pas celle de 1810, où De veux lut son timide rapport à l’Académie des sciences... PIERRE GIFFARD....