Extrait du journal

Dans son discours de Châlons, M Léon Bourgeois a commis deux impairs, l’un de nature à réjouir les amis de la bonne et douce gaîté française, l’autre, gros peut-être de conséquences plutôt attristantes que gaies. M. Méline s’était offert, au cours de la précédente session, le plaisir de faire applaudir par les membres de sa majorité des déclarations de M. Léon Bourgeois, alors qu’il était au pouvoir. L’orateur de Châlons a voulu prendre sa revanche et faire conspuer par les bons et fidèles radicaux qui étaient assis à ses côtés, à la table du banquet, des déclarations de M. Méline. M. Léon Bourgeois a lu son discours. Or, il est arrivé que ses auditeurs ont applaudi les citations empruntées à M, Méline, les prenant pour l’expression de la pensée de l’orateur radical. On a ri et on rit encore dans le monde parlementaire, de l’incident. Il est inutile de dire, n’est-ce pas, que les rieurs ne sont pas du côté de M. Léon Bourgeois. Des opinions politiques exprimées par M. Méline et par M. Léon Bourgeois, les plus radicales n’ayant pas toujours été celles de celui-ci, ses auditeurs de Châlons ont pu se tromper de bonne foi en attribuant au président du Conseil d’hier ce qui appartient au président du Conseil d’aujourd’hui. Tant pis pour M. Léon Bourgeois s’il n’a pas suffisamment guillemeté ses citations....