Extrait du journal

Ainsi donc, les Italiens, tels que je viens de les voir, nous chargent de tous les péchés d'Israel. Je parle des Italiens de la ru*, ceux qu'un français, voyageant seul, au hasard et sans contrainte, peut rencontrer à chaque pas. Cette hostilité que, seuls, nous montraient jadis certains groupes de politiciens et d'hommes publics, a peu à peu gagné les couches profondes du peuple. La francophobie est devenue un tic national. Pour parler net, tout le monde, ou peu s'en faut, a mange du Français Voilà justement ce qui paraît grave. De ce triste état de choses, on pourrait citer force exemples. Deax ou trois doivent suffire. A Rome, durant mon séjour, une modiste ouvrit une boutique à l'enseigne « Le Chic parisien ». Elle avait fait les frais d'un beau fronton de marbre et de lettres d'or. Trois jours plus tard, marbre et dorure avaient disparu et le magasin s'appela autrement. Cela le passait en juin dernier, via del Tritone, qui est, au Corso, ce que la rue de la Paix est aux Boulevards. Au cœur de la ville également. à quelques pas de notre ambassade, on pouvait voir, charbonne sur la muraille, un Abasso la Frnncial de la plus large envergure. Je le vis, pour ma part. deux mois durant, et il y est sans doute encore. Si l'on connaît la célérité des Italiens à purifier leurs murs de toute inscription importune, il faut bien admettre que cet « A bas la France! n'avait rien qui pût les offusquer. Dans un théâtre romain, une actrice russe, Mme Pavlowa, mal accueillie du parterre, osa s'avancer et, prenant la parole, s'excuser d'avoir, jadis, joué des pièces françaises. A Palerme, j'ai constaté que des mains soigneuses avaient extirpé au canif tous les noms des coureurs et marques françaises sur les affiches de la Targa Florio....