Extrait du journal
C'était jadis un jeu littéraire fort goûté que de faire la critique des mœurs en imaginant les impressions d'un sauvage, jeté tout à coup au milieu de notre civilisation. Sur ce thème, d'illustres satires ont été écrites, si d'autres n'ont eu qu'une vogue éphémère, comme cette suite un peu audacieusement donnée à Atala, dont on pourrait se souvenir un instant, tandis que M. Jules Lemaitre parle de Chateaubriand. Si l'on songeait à reprendre une méthode, qui était commode pour mettre en relief tous les vices d'une organisation sociale, le sauvage qu'il serait opportun d'introduire sur la scène ne devrait plus être un bon sauvage naïf, mais le plus féroce Peau-Rouge de la légende, le Thug le plus redoutable, le barbare le plus barbare. Et il pourrait trouver, tout au moins, que nous exagérons beaucoup quand nous nous flattons de notre état policé. A l'encontre des autres voyageurs supposés, il n'aurait guère à s'étonner de ce qu'il verrait autour de lui peut-être même s'estimerait-il relativement assez doux, à en juger par les crimes incessants dont il serait, le témoin, par cette odeur de sang qui monte de partout, par ces continuelles détonations de revolvers, par ces audacieux attentats de toute sorte qu'il pourrait admirer en connaisseur. Que faire contre cet abominable épanouissement du crime ? C'est un des problèmes les plus graves qui se posent aujourd'hui. Et ce n'est pas le crime sournois, hypocrite c'est l'aventureuse partie de jeu, le hasard tenté avec une incroyable décision dans l'attaque le malfaiteur, on calculant ses chances, n'ayant pas oublié ses risques et étant prêt, s'il échoue, à ne pas faire plus de cas de sa vie que de celle des autres. Il y a là une assez effrayante mentalité. Ce n'est pas qu'elle soit nouvelle en ellemême elle se révèle seulement en des conditions presque nouvelles. De tout temps, il y a eu de ces révoltés, ayant fait la part du danger dans la conquête violente de la proie convoitée, mais d'autres circonstances les poussaient d'autre entreprises ils èlaieïit flibustiers, corsaires, boucaniers ils prenaient part à des expéditions qui donnaient l'espoir du pillage et ils étaient quelquefois des héros. Ces périodes de rudes épopées sont finies, et chez d'autres hommes les mêmes instincts indomptables subsistent, s'exerçant d'une façon plus ignoble....
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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