Extrait du journal

Arrien fait parler, en ces pages, un chasseur qui agace ses compagnons par ses attendrissements sur le sort des pauvres bêtes qu'on massacre. « Bien souvent, dit cet homme doux, j'ai reçu le lièvre dans mes bras, et, bien souvent, aussi, couplant les chiens, je lui ai rendu la liberté, ou si, par un trop grand retard, je ne pouvais lui sauver la vie, je corrigeais les chiens pour n'avoir pas épargné une aussi faible victime. » Comme autrefois, les chasseurs d'à présent demandent à ce débonnaire « nemrod », pourvu d'une inutile carnassière, ce qu'il vient faire parmi eux. Les gasconnades de chasseurs sont aussi fabuleusement anciennes, et le premier exemple s'en trouve. dans la Bible. N'est-ce pas dans l'Exode, au chapitre XXIII, qu'il est dit « Je ne chasserai pas pendant une année, de peur que la terre ne soit réduite en modernes ,» La, ^hâblerie des- chasseurs. que-là. Le monde n'a jamais fait que se répéter. Gaston Phœbus, dans le précieux manuscrit de 1347, répétait tout ce qu'on avait dit avant lui quand il écrivait, à peu près, sous la forme même du célèbre aphorisme de Toussenel, que ce qu'il y a de meilleur dans l'homme c'est le chien. Et c'était, plus loin, presque le mot d'Alphonse Karr, a qu'un chasseur n'a vraiment dans la ,vie qu'un chien, comme on n'a qu'un amour. »...