Extrait du journal

Le gouvernement d'Ebert est, en ce moment, pris entre deux feux. On a vu, par les dépêches, ce qui se passe à Berlin, où gronde l'émeute, et où le rétablisse ment de l'ordre dépend uniquement du plus ou moins de fidélité des troupes qui subsistent encore de l'ancienne armée. Si elles tiennent bon contre les forces de l'anarchie, celles-ci seront facilement dis persées, car elles manquent de cohésion autant que de discipline. Leurs congénè res de Russie viennent de subir, à Perm, une défaite complète, et ne paraissent pas mieux en forme sur l'eau, car on nous conte que les marins de Gronstadt, ayant essayé de mettre deux bateaux à la mer pour faire tête à la flotte anglaise qui entrait dans la Baltique, l'un d'eux s'est échoué sur un banc de sable, et l'autre est rentré précipitamment au port. Les vaisseaux russes, privés de leurs organes essentiels, qui ont été ou détruits ou vendus, ont tout juste la valeur de vieux pontons. Mais le gouvernement allemand se trouve également aux prises avec des dif ficultés d'un autre ordre. Voici, en effet, que les Polonais avancent en Posnanie et ne sont plus guère qu'à une dizaine de kilomètres des frontières du Brande bourg. Ils s'opposent au libre passage des troupes ramenées de l'Ukraine, à moins qu'on ne les désarme au préalable, et ils i demandent en plus la livraison d'un im-...