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Le Petit Parisien, 9 janvier 1919

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Le Petit Parisien
9 janvier 1919


Extrait du journal

Les jours arrivent où les hommes d'Etat, les diplomates, tes techniciens des pays alliés vont se réunir pour écrire en quelque sorte l'avenir du monde. La tâche est formidable : elle n'est pas au dessus des forces de ' ceux qui ont fait triompher la justice et la liberté. Il est vrai que, si moins dure, elle est plus complexe que celle d'avoir eu à vaincre. Le devoir, qui exigeait plus de cœur que do finesse, était alors tout net : ne pas faiblir pour gagner. Aujourd'hui, le pro blème est de ne pas se tromper au milieu des intérêts quelquefois divergents et dans le dédale des questions qui s'enche vêtrent. Il est d'intelligence, de discer nement et de sang-froid. L'enjeu est tel que le chef élu de la grande République américaine n'a pas hésité à rompre avec toutes les traditions de son pays pour venir collaborer au grand œuvre ; en ce moment même, de tous les points du globe, arrivent les hommes que les nations intéressées con sidèrent comme les meilleurs d'elles mêmes. Et nous ? Qui sera, au centre de cet aréopage, la pensée et la parole de la France ? On le demande. Peut-on vraiment maintenant le demander ? Seront-ils six. ou cinq, ou quatre par nation ? Cinq, croyons-nous, et (fest ce qui va être décidé. Mais quatre, ou six. ou cinq il est évident que le délé gué de la France, avec plus ou moins de collaborateurs et nous en connaissons déjà de très éminents, ne sera et ne peut être que M. Clemenceau. Quand, aux jours incertains de tin 1917, îa fortune de la France porta au pouvoir M. Clemeneeuu, personne ne pouvait, assurément, mettre en doute ni son intel ligence, ni sa volonté, ni son énergie, ni son patriotisme ; mais n'est-ce pas lui rendre hommage que de l'ajouter ? on pouvait >e demander si, dans le feu des événements, quelqu'une de ses qualités ne ferait pas tort à l'autre, si, devant le Isi eur immense, le poids des ans ne ferait pas fléchir son ardeur, bref s'il serait le chef qu'obscurément la nation *j atteudaib,. s 11 ne devait pas tarder à dérouter toutes les hésitations. C'est le péril qui lui permit de se hausser au delà des espé rances. Qu'on se rappelle la dure épreuve de mars et d'avril, puis celle de On mai, puis celle de juin... Il fallait avoir le cœur solide et le cer veau lucide. Il fallait aussi de la patience, du calme de la santé... la physique comme la morale. Il fut incomparable. Quelle est, sa part personnelle dans tel ou tel événement, dans telle ou telle mesure? Qu'importe! Il donnait alors une telle impression de vie, d'énergie excita trice, de communicative que * chacun, à son approche, se retrouvait plus fort et plus courageux et qu'ainsi, peut-on dire, il doit avoir sa part même dans les plus petites choses. A l'entendre, les chefs devenaient, selon qu'il le fal lait, plus audacieux ou plus prudents ; à le voir ou à le deviner non loin d'eux, les soldats commençaient à défier le çnalheur et à forcer la victoire. Cet homme a mérité son bonheur. Il eut l'ambition d'être le Grand Français, d'être celni qui laisserait derrière lui la France plus grande, plus musclée, plus vivante. Cette ambition il vient de la vivre en aidant à gagner la guerre. II va...

À propos

Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.

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