Extrait du journal

démentir. Il arrive, au surplus, qu'à distance les faits ne sont pas moins trompeurs que les mots. Un exemple. Au matin du 15 décembre, les journaux apprirent aux Français qu'en Aragon une garnison mutinée marchait, sous la conduite de ses officiers, vers la ville voisine, à la rencontre des troupes royales. Quel pouvait être, dans notre pays, l'ef fet d'une pareille information ? Que pouvait-il se passer dans l'esprit des lecteurs ? Ceci, bien naturel, que chacun donnait à l'événement le sens et la portée qu'il aurait eu chez nous. On imaginait les chas seurs d'un fort des Alpes marchant sur Grenoble, ou bien les dragons de Lunéville chevauchant vers Nancy. Quand, à cela, vint s'ajouter la nouvelle qu'un populaire général et un aviateur fameux croisaient au-dessus du palais royal, pour l'ar roser d'appels à l'insurrection, le bon Français ne put se retenir d'imaginer l'effet probable d'un avion portant Costes et Gouraud dans le ciel parisien et saluant d'une séditieuse averse d'imprimés le ré vett~é»»ft»és»deat-de' latßépuhilquß... Plaisanterie à part, il convient d'observer les séditions militaires et civiles de nos voisins selon l'optique espagnole et sans leur chercher ici la moindre équivalence. Ce qui s'est passé à Madrid et à Jaca eût, sans doute, été chez nous le signal d'une agitation très grave et très durable, d'un mouvement concerté, réglé avec soin, où, de part et d'autre, l'on eût joué son va-tout. Ce ne-fut, là bas, qu'un spasme rapide et cruel....