Extrait du journal
de trois ans, sa fille. Trop de haine venait de lui monter tout d'un coup au cœur. En haut, elle appuya le canon de son arme sur la nuque de l'homme terrassé par l'alcool. Elle pressa la dé tente. Le coup partit, dans un éclabous sement de sang et de matière cérébrale qui maculèrent les murs. Les plombs avaient fait éclater la tête. Sans se retourner, elle redescendit les marches, posa le fusil sur une table. Le silence ne fut plus troublé. La fille et la mère s'endormirent dans le même lit, en bas. « Cela devait arriver... » Et, hier matin, Henriette Moulin se présenta au maréchal des logis chef Fesancieux, commandant la brigade de gendarmerie de Saint-Chéron. Elle avait fait à pied 6 kilomètres, avec le fusil. Eh bien 1 céda devait arriver, dit elle... Je l'ai tué. C'est que, plusieurs jours auparavant, Henriette était venue demander aux gendarmes d'arrêter son mari qui l'avait battue. Mais elle ne put montrer aucune trace des coups qu'eHe avait reçus. A M. Jean Bouëssel-Dulong, procu reur de la République, qui l'interrogea avec beaucoup de tact et d'habileté ; au juge d'instruction Barreau, la meur trière affirma encore : J'étais arrivée à le haïr. Une singulière union De la haine ? Sans doute.- Mais jus qu'à devenir meurtrière, après vingt deux mois seulement de mariage... A cela. Henriette Moulin n'a pas ré pondu. Fille de cultivateurs aisés, peut-être n'éprouva-t-eille jamais que de la haine pour cet ouvrier électricien qui l'épousa alor3 qu'elle venait de mettre au monde l'enfant d'un autre. Aussi bien, l'élec tricien s'était-ii, dit-on, installé en maî tre dans la petite maison, revendiquant trop souvent le droit, qu'il affirmait avoir acquis, de parier haut. Et des questions de « gros sous », de promes ses non tenues devaient dresser main tes fois les deux femmes contre celui qui ne fut jamais sans doute qu'un importun. Et c'est pourquoi sans doute, hier soir, laissant aux mains d'un médecin légiste, le docteur Davis, le cadavre de sa victime, Henriette Moulin n'a eu, avant de suivre les gendarmes, que le seul souci de mettre son « argent » à l'abri. Georges ARQUÉ...
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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