Extrait du journal
C'est demain que M. Pierre Lavai a'embarque, au Havre, pour l'Amé rique, où il va répondre à l'invitation que lui a aimablement adressée le président Hoover. Dans les milieux américains de Paris, cette visite est accueillie avec le plus vif enthou siasme, et M. Walter Edge, l'éminent ambassadeur des Etats-Unis en France, a dit récemment, à la fin d'un déjeuner qui réunissait autour de lui les principaux représentants de la presse française, tout le bien qu'il en attend, non seulement pour les rela tions des deux pays, mais pour la solution de la crise qui affecte actuel lement toutes les nations du monde. En France, ce voyage ne provoque pas une moins vive satisfaction. On se félicite sincèrement de 3 excellents rapports qui vont s'établir entre le président de la grande République sœur et le chef du gouvernement français, des échanges de vues aussi francs que cordiaux qu'ils vont avoir trois jours durant à Washington, et si l'on n'escompte pas, dans ies milieux officiels, des résultats immédiats et concrets, on est néanmoins persuadé que, des idées qui seront librement formulées, des suggestions qui seront émises et loyalement discutées pourra sortir, dans un avenir peut-être assez rapproché, une sensible amélioration de la situation générale. Pour qu'il en soit ainsi, toutefois, il ne *aut pas que le grand public, de l'un et l'autre côté de l'Atlantique, se fasse d'illusions. Il ne faut pas qu'il confonde ce qui ne peut être que de simples entretiens quelque nom breux et variés que soient les sujets abordés avec une conférence offi cielle dont les résultats sont définitifs et lient les deux gouvernements. C'est pour le mettre en garde contre cette erreur et les déce- tions qui pourraient en découler que M. Pierre Lavai a profité, hier matin, de ce qu'il était l'hôte de la presse anglo-américaine de Paris, et qu'il avait justement â ses côtés M. Walter Edge, pour dissiper tonte équivoque. Il l'a fait avec cette bonne aumeur et cette franchise un peu brutale qui est( la aèane, bonne kumear et franchlOi spéi lui ont valu chez nous beaucoup de sympathies et qui sont de nature à lui an gagner de très nombreuses aux Etats-Unis,, où nos précautions oratoires, notre façon enveloppée et prudente de nous expri mer sont loin d'être toujours appré ciées. L'allocution du président du Conseil J'ai accepté avec un vif plaisir votre invitation, a dit le président du Conseil. Bile me procure la joie de me trouver au milieu de vous avec M. Wal ter Edge. dont j'ai pu apprécier les rares qualités d'un grand diplomate et d'un grand ami de la France. Il m'est agréable avant mon départ pour Washington, de prendre contact avec les membres de votre association, d'avoir ainsi l'occasion de vous mieux connaître. Je vous avouerai même que je suis venu parce que j'ai un service important d vous demander. Vos confrères parisiens savent que je n'hésite jamais pour la défense des intérêts de mon pays à faire appel A leur dévouement. Aujourd'hui en m'adressant A vous je sais, parce que vous êtes clairvoyants que vous ne me refuserez pas votre concours. Il s'agit de détendre non pas seule ment les intérêts communs de nos deux nations mais de sauvegarder notre vieille civilisation. Le monde est profondément troublé par ta crise économique et monétaire. De grands espoirs sont nés A l'an nonce des entretiens de Washington. B est naturel qu'il en soit ainsi. En m'adressant sa cordiale invitation le président Boover a pensé que notre rencontre nous permettrait de recher cher lès moyens de ramener le calme et de ranimer la confiance. Nous ne participerons pas A une con férence. Nous ne rédigerons pas un traité. Nous nous expliquerons simple ment avec franchise. Nous aborderons, dans un tête-à-tête. tous les problêmes importants que pose la situation actuelle dans le monde. J'ose dire parce que l'optimisme est dans ma nature que la gravité des évé nements ne nous empêchera pas de pré voir les solutions indispensables. Et maintenant voici ma requête. Si nous sommes discrets par nécessité dans nos communications d la presse n'exercez pas de représailles préservez le monde de nouvelles sensationnelles et dangereuses. La profession de journaliste a ses exigences. Mais la tâche des chefs de gouvernement est bien ingrate. Il faut aujourd'hui pour l'exercer sans doute un minimum d'imagination créatrice mais aussi beaucoup de discrétion. Une idée, pour belle qu'elle soit, ne sera jamais réalisée parce qu'elle aura été trop tét exprimée. One proposition pour utile qu'elle puisse être avortera parce qu'elle aura été prématurément divulguée. N'en déduisez pas surtout que mes propos dissimulent l'existence d'un programme arrêté d'avance, et ne câblez pas en Amérique que j'arrive porteur d'un plan complet et définitif de restauration du monde. Ce serait, la non Kvttv/ttionnrllc riche d'espé rances. mais aussi génératrice de décep tions cruelles. Je connais et j'admire votre effort. Je vous montrerai mon amitié en m'efforçant de faciliter votre tâche. Régulièrement des notes vous seront remises elles nous permettront de satisfaire la légitime curiosité de nos opinions publiques. Vos journaux et vos magazines ont publié sur moi de nombreux articles. Des portraits pittoresques agrémentés de légendes savoureuses, m'ont souvent amusé De ce premier contact je voudrais que se dégageât pour vous la conviction que je ne suis pas tin homme compli qué. Mes moyens sont simples comme mon caractère. Mais pour servir avec le président Boover la eause de notre civilisation, mon ambition reste vaste et ma volonté ferme. Et, pour me mouvoir dans le dédale | des difficultés qui, depuis quelque j temps, s'amoncellent. je ne veux avoir...
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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