Extrait du journal

Il y a des gens, dans la vie, qu'on aime bien, mais envers lesquels on est un peu ingrat de temps en temps, bien qu'on ait souvent besoin d'eux. Quand quelque chose va mal, on frappe-à leur porte, on leur écrit. Alors ils se dévouent, sans maugréer, en toute loyauté. M. Paul-Boncour s'est dit que la France, par le temps qui court, avait besoin de M. Henry Chéron pour vérifier ses comp tes et mettre de l'ordre dans ses affaires. 11 s'est rappelé avec quelle application et quelle virtuosité il avait eu l'habitude de rapporter le budget à la Chambre, puis au Sénat. Alors M. Henry Chéron s'est hâté, au risque de quelques contraventions, d'arri ver en auto à Paris. Il fera faire à l'Etat ce qu'il a déjà fait faire aux ménagères de chez lui en créant une boucherie muni cipale : des économies. La plupart des Français sourient de ceux qui sont économes... et ils le sont presque tous. Qu'on ne s'y trompe point : ils sont économes pour les autres autant que pour eux. Cela leur fait mai de voir quelqu'un faire des dépenses inutiles et « vivre au-dessus de ses moyens ». A quoi bon dépenser ? Réflexion bien française. Car m'est avis qu'il y a plus d'un Français en France à être parfaite ment satisfait de la vie qu'il mène. Beaucoup de ces sages, dans leur for intérieur, sont également fiers de leur rang de notables et de leur sang de roturiers. Sensibles à la poésie des pantoufles, ils ont l'amour du foyer, l'instinct du travail, l'honneur de l'argent péniblement gagné, le goût de la chose publique. Leur su-...