Extrait du journal

Ce n'est que lorsqu'on a vécu soimême à Sainte-Hélène, surtout lorsqu'on a passé un assez long temps à Longwood, qu'on peut se rendre compte de ce que fut vraiment, sans exagération ni partipris d'aucune sorte, la captivité de Napoléon. Sainte-Hélène n'est pas un enfer, comme le croient beaucoup de Français. Ce n'est pas non plus un paradis, comme le déclarent la majorité des Anglais. C'est un lieu assez agréable, où l'on peut vivre comme ailleurs, à condition de n'être pas Nopoléon et prisonnier. Le climat n'a pas changé il était, Il y a cent vingt ans, comme aujourd'hui, humide, souffleté par cet inlassable vent du Sud-Est qui irrite à la fois les nerfs et déprime. Du soleil, de la pluie, des brouillards avec une parfaite irrégularité, un complet désordre des saisons. Point malsain à présent, il ne l'était pas davantage en 1815. Cependant, la mortalité était très élevée à Sainte-Hélène, les chiffres de décès que j'ai relevés pour cette période, dans les. archives de Jamestown, n'admettent à cet égard aucun doute. Comment expliquer une telle contradiction ? Tout simplement et je m'étonne qu'on ne s'en soit pas avisé plus tôt par le défaut d'Hygiène ne l'époque. Il était ici meurtrier. L'eau était mauvaise, rare, conduite dans des rigoles mal couvertes, que souillaient les bestiaux. Les moustiques maintenant disparus pullulaient et propageaient plusieurs formes de paludisme, dont la fièvre de Malte. Enfin, les noirs tirés d'Afrique avaient apporté la dysenterie. De nombreux soldats anglais, établis nous la tente, au camp de Deadwood, en mouraient. Presque tous les compagnons de l'Empereur, à des époques variables, en furent...