Extrait du journal

D'abord, il ne s'agit peut-être là que 'd'agitations locales, et il faut se garder toujours de conclure trop vite du particulier au général. Partout où a été mon ami Lorand, il a rencontré cet enthousiasme trépidant, mais il est à supposer qu'on ne l'a appelé que là où cette passion éprouvait le désir de se manifester. En second lieu, et surtout, le but de ces réunions n'était pas l'excitation à !a guerre, mais la manifestation de la sympathie italienne pour les malheurs de la • Belgique. Le hasard des événements a fait que nous nous sommes trouvés en Italie trois députés de Belgique, M. Lorand. qui appartient à l'opinion libérale; M. Melot, mon collègue catholique pour Namur, et moi, socialiste. A tous trois, on nous a demandé de faire des conférences, chacun dans des milieux différents, et nous avons accepté avec empressement, parce que la sympathie italienne. toute ardente qu'elle soit, a besoin d'être informée. Les Allemands font ici une propagande endiablée, avec une constance, une ingéniosité, une prodigalité extraordinaires, et bien que cette propagande soit surtout dirigée contre la France, l'Angleterre et la Russie, elle égratigne. de temps en temps, les intérêts belges. Elle jette le doute sur les questions les plus claires, dénature les faits les plus évidents, tend insidieusement à représenter la Belgique comme ayant mérité son sort. Il nous a donc paru indispensable de remettre les choses au point et de fournir à l'opinion italienne la documentation nécessaire à maintenir la ferveur de sa sympathie. Sans nous être concertés j'en juge par les comptes rendus des journaux, MM. Lorand, Melot et moi nous avons eu la préoccupation de poser la question belge de façon isolée, sans prendre parti dans les responsabilités plus ou moins discutées des évènements qui ont amené la guerre, et sans prendre parti non plus dans les controverses présentes sur l'attitude éventuelle de l'Italie....