Extrait du journal

et je le dis encore. J'ai toujours dé fendu pour ma part la politique des contrats. Je pense de toutes mes forces que, si l'on veut soustraire le monde à l'empire odieux de la force, il faut le placer sous le régime du respect de la signature. J'ai tenu jadis et naguère ce langage à l'Alle magne, je le tiens aujourd'hui à la France. On voit au moins que je suis sincère. Et je dis à mes compatriotes : si les Américains vous ont parfois méconnus, vous-mêmes vous les ignorez trop. Vous en êtes restés à la notion d'une Amérique richissime, ne sachant que faire de son or. Les Etats-Unis souffrent, eux aussi. Us sont touchés par Ja crise mondiale. Ils subissent eux aussi les consé quences de la guerre. Ils connais sent le fléau douloureux du chô mage et nous devons avoir le cœur assez large pour songer à tant de malheureux sans travail. Les finan cés américaines sont elles-mêmes soumises à de graves difficultés. Cela, nous devons le comprendre. Souvenir ! Et nous devons aussi nous sou venir. Qu'une question d'argent, même importante, ne nous fasse pas oublier le passé ! J'étais déjà minis tre, en 1917, et ministre du Ravi taillement, hélas ! Je n'ai jamais exercé le pouvoir que dans les plus mauvais moments de l'histoire fran çaise. L'hiver était terrible. On me demandait du charbon : il n'y avait plus de charbon. On me demandait du. blé : il n'y avait plus de blé. On me demandait des bateaux : il n'y avait plûs de bateaux. On nous de mandait de l'argent : il n'y avait plus d'argent. Des armées héroïques luttaient et souffraient dans la boue, dans le sang. Je me rappelle ma joie intérieure quand j'appris l'entrée en guerre des Etats-Unis. Cela, je ne l'oublierai pas tant que je connaîtrai la lumière du soleil. Non, frères américains, cela je ne l'oublierai jamais. Je n'oublierai pas ces trou pes de jeunes hommes jetées, au moment le plus noir, dans l'horrible mêlée. Je n'oublierai pas notre cher...