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Le Petit Parisien, 24 février 1914

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Le Petit Parisien
24 février 1914


Extrait du journal

Le temps s'écoule, sans épuiser le cou rage des défenseurs de Belfort. Enfin, le 7 février, le bruit circule que Paris a capitulé. On demande une trêve de deux jours. L'ennemi refuse, et Noyer écrit sur son carnet : « Que nous avons eu des illusion» et dçs déceptions depuis ces soixante-sept jours de bombarde ment et que nous eh aurons peut-être encore si on ne sait pas de nouvelles certaines de la position de notre mal heureuse France, car nos moyens de défense ne sont pas épuisés. Le siège n'est presque pas plus avancé que les premiers jours, la garnison est moins nombreuse, mais ce qui reste est plus aguerri. La ville et les faubourgs sont en ruines, cendres et décombres, mais les fortifications sont intactes à peu près. » Le bombardement continue, plus fu rieux que jamais. Sera-t-il dit que l'on n'aura pas Belfort par la force ? Mais on est au 15 février. C'est la fin « On respire ! plus d'obus ni bombes, ni balles, on res pire ! on va voir et visiter ces tristes dé bris. La citadelle est affreusement muti lée. Toutes les maisons sont criblées, percées, les unes tombées et les autres tombantes, c'est affreux, c'est tout à re bâtir. » Dix millions de kilogrammes de fonte sont tombés sur la ville et l'enne mi ne comprend pas comment on a pu résister à cet effroyable déluge. « Les Prussmanns viennent visiter nos lignes et sont stupéfaits de voir tant de dégâts, si peu de défenseurs'et qu'ils n'ont pu avec tout cela se rendre maîtres de ce petit trou de Belfort qui n'a été défendu presque entièrement que par la garde mobile à peine exercée. » Il y a de l'orgueil dans ces quelques lignes du carnet de Noyer, mais le cœur du brave sous-officier éclate tout à fait dans cette dernière note, en date du 18 février : « Sortie de Belfort. La garnison sort de Belfort, avec armes, bagages, muni tions, vivres. Les Prussiens nous four nissent les voitures et chevaux et ren dent les honneurs de la guerre à la pau vre garnison qui avec tous ses haillons èt ses souffrances passe au milieu de l'ennemi la tête haute et fière. Elle en a le droit, et le Prussien lui-même, en la voyant la respecte et dit : « Honneur au courage I » Oui ! Honneur au courage ! Ces mots terminent noblement les notes écrites par un bon soldat de France dans le fra cas de la mitraille et sous le sifflement des obus, et elles en sont le commentaire le plus pur et le plus élevé ! JEAN FROLLO...

À propos

Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.

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