Extrait du journal

Le peuple français sent d'instinct l'importance de l'outillage national. Il fut longtemps le mieux outillé des peuples, ayant le plus beau réseau de routes, les canaux las plus nombreux. Encore aujourd'hui, les électeurs du moindre village, si leurs soucis politiques n'étaient pas détournés artificiellement vers d'autres s objets, demanderaient d'abord des routes, des chemins de fer, des adductions d'eau ou de lumière. De fait, c'est bien cela qui, dans l'ordre public, constitue la base de Jdteut- ..pr^jjftès pays, même cbmblé par la nature, demeure extrêmement pauvre s'il n'est pas outillé ou si son outillage tombe en ruine. On connaît des régions, en Afrique par exemple, où survivent des peuplades clairsemées dans un état de déchéance épouvantable, auprès de richesses abondantes et neuves :que l'on ne saurait exploiter, faute de transports ou d'outillage. En 'Asie, des zones immenses, qui furent autrefois les plus prospères du monde, sont devenues des déserts par l'abandon des travaux publics. Si l'Espagnol et l'Italien, si le Corse lui-même sont si souvent contraints d'émigrer, c'est que, faute d'outillage public et parfois faute d'eau, les chances de travail manquent dans leur pays. On dit que les révolutions violentes appauvrissent irrémédiablement les peuples et on en donne plusieurs raisons. La première raison c'est que, d'ordinaire, les révolutions détruisent l'outillage collectif ou en ruinent le fonctionnement. Ainsi, l' e ff e t immédiat de la révolution russe fut de désorganiser les transports et, par conséquent, d'engendrer la disette, puis la famine. J'ai vu, il y a quelques mois, au Mexique, des terres fécondes devenues stériles sur une étendue immense, parce que la révolution et la guerre civile ont empêché l'entretien des travaux d'irrigation....