Extrait du journal

Une centaine de personnes, de tous les milieux et de toutes les conditions étaient convoquées hier devant le tri bunal de simple police. Contravention leur avait été dressée par un agent trop zélé, pour avoir traversé la Seine sur le pont de la Concorde. La discussidn, grâce à l'énergie du président Vial, ne se prolongea guère, et pourtant les « délinquants » se pro posaient de se défendre avec la plus véhémente énergie. Deux thèses vraiment curieuses furent apportées à la barre. L'agent qui verba lisa s'en tint, lui, à la lettre du règle ment : L'article 3de l'arrêté du ler1er mars 1928 précise qu' « il est interdit aux piétons de circuler ou de stationner sans nécessité sur la chaussée ». Or le pont de la Concorde, administrativement parlant, privé de trottoirs depuis l'expo sition des Arts décoratifs, est considéré comme chaussée. Les piétons sont tenus de prendre la passerelle provisoire... Les passants cités, eux, s'élevèrent avec véhémence contre cette interpréta tion : A rentrée du pont de la Concorde, exposa l'un d'eux au nom de tous, une affiche a été posée : « Il est dangereux pour les piétons de s'engager sur. le pont. » Dangereux, en aucune langue, ne signifie défendu. Le Parisien, amou reux du risque, ne pouvait être retenu par cet avertissement débonnaire. Le président Vial hésita un instant, puis remarqua que les passants ne peu vent cependant pas, sans avertisse ment plus explicite, deviner « qu'un pont est considéré comme chaussée ». Et les contrevenants s'entendirent « relaxer des fins de la poursuite »....