Extrait du journal

J’ai parlé de l’artiste : il faut dire un mot du républicain. Tant qu’il y eut un peu de liberté de la presse, le dessinateur, chez lui, fut doublé d’un combattant. Il fut de la grande bataille républicaine contre la royauté bourgeoise de Louis-Philippe. Avec quelle puissance ! Ses planches d’alors sont des satires d’ne force terrible : c’est le Juvénal du crayon, et l’on pense à la séance du Sénat du Bas-Empire, décrite avec une si impitoyable ironie par le grand poète latin, en* voyant les pages magistrales qu’il a consacrées à la Cour des pairs. H a même eu les inspirations les plus dramatiques, à côté de. ses mordantes satires : et je ne sais pas d’œuvre plus pathétique, que celle où il a montré le cadavre d’un malheureux tué dans la répression d’une émeute, sous la monarchie de Juillet. L’Histoire pourra tirer profit de ces dessins d’alors. Nul n’a rendu, plus vivantes et plus frappantes de réalité, les figures des personnages principaux de ce temps ; et si l’on veut connaître le masque de M. Thiers, c’est dans ces dessins qu’il faut le chercher....