Extrait du journal

Je demande pardon à nos lecteurs si mes réflexions hebdomadaires ne m’inclinent point à i’optimisme. L’époque où nous vivons est chargée d'événements, et j’ai l’impression que ces événements nous écrasent. Dans l’ordre de la politique intérieure, comme dans l’ordre de la politique internationale, nous paraissons incapables de savoir ce que nous voulons et de vouloir quelque chose. Nous remâchons des mots usés jusqu'à la trame ; nous répétons des gestes vains ou puérils ; nous confondons de plus en plus l’agitation avec l’action. Et nos disputes sont tout ensemble mesquines et ridicules. C’est ainsi, par exemple, qu'un nouveau conflit vient de s’ouvrir dans le parti socialiste à propos du vote du budget. On sait que le pacte d'unité, la charte du parti, prescrit aux élus socialistes de voter « contre le budget ». Cette prescription a été confirmée par le récent Congrès d’Avignon. Or, elle remonte â 1905. La période de défense républicaine allait finir. Sous Waldeck-rousseau et sous Combes, divisés en deux grandes fractions, les socialistes adoptaient à l’égard du budget des attitudes très différentes. Les uns. avec Vivian! et Founière, votaient pour ou s’abstenaient. Les autres, sous Vaillant et Sembat votaient contre. Lorsque Jaurès revint à la Chambre, en 1902, il s’abstint. Le vote contre était un vote symbolique, et d’ailleurs sans danger pour la majorité républicaine, car le centre et la droite considéraient comme un devoir national — et sans doute un devoir de classe — de voter pour....