Extrait du journal

AU JOUR LE JOUR C'est la presse nationaliste qui ne doitpas être satisfaite I Voilà un mois qu’elle noue annon çait la révolution pour le fer m'ai, comme si les révolutions éclataient ainsi à jour fixe et sur commande. Tout ce à quoi elle avait réussi,et c’est à faire naître une panique honteuse parmi ses lec teurs. Croyez-vous que ces dignes lecteurs vont s’en prendre à leurs journaux ? Croyez-vous que leur foi aux détraqués qui les dirigent va baisser? Point. Pour changer d’idées il serait nécessaire qu’ils réfléchissent et, soyez tran quilles, ils ne réfléchissent pas. Quant aux républicains, qu’ils se félicitent. Grâce aux mesures prises, au sang froid des troupes, au bon sens de la plupart, la journée a été sérieuse, mais à aucun moment n’est de venue grave. Et cela nous permet d’espérer pour l’avenir des premiers Mai plus heureux. Pourquoi cette date ne deviendrait-elle pas celle de la grande fête du Travail humain, comme la date du 44 juillet est celle de la grande fête nationale ? Au lieu de ces manifestations confuses, hou leuses et menaçantes, pourquoi n’aurait-on pas des cortèges comme à Londres ? Au lieu de masser des troupes, pourquoi les représentants du Gouvernement ne recevraientils pas officiellement ces cortèges pacifiques imposants? Cette idée est déjà dans bien des cerveaux et j’espère que d’ici l’année prochaine elle aura fait du chemin. Tout le monde — les grands comme les petits — aurait à y gagner. Nous célébrons encore bien des fêtes reli gieuses qui n’ont plus de sens ; que ne célèbret-on la fête du peuple qui travaille ? Le Gouvernement et le Parlement n’auraient qu’à déclarer le 4*r Mai jour férié. Quel danger y aurait-il ? On ferait marcher le commerce au lieu de l’épouvanter. Paris et ensuite la province gagnée, montreraient ce jour-là une animation merveilleusement nou velle. Tout cela est possible et nous espérons bien en voir la réalisation. Pour l’instant nous nous contenterons de la satisfaction de voir les réactionnaires déçus dans leurs espoirs criminels. Non, ils n’ont pas réussi à jeter des masses égarées dans une émeute sanglante, qui eût rejeté vers leur politique de piétinement et*de ténèbres, le pays épouvanté. Jacques Bonhomme....