Extrait du journal

vait associée à sa haîne. Jamais elle ne par la. C’était une complice. Le père ? Nous avons dit qu’il s’absentait à cause des exigences de sa profession. C’é tait un honnête liomme. Quand il voyait son fils, pâle, rachitique, déguenillé, la mère lui expliquait l’état de l’enfant en disant qu’il avait tous les vices, la malpropreté, la paresse, d’autres défauts encore. Elle faisait remarquer les yeux plombés du mioche, son air accablé et morne. — Un sait ce que cela veut dire, ajoutait la mère. Le père faisait la leçon au pauvre petit, et comme il avait toujours quelque faute à expier, on le renvoyait au cachot, sans pain, sans eau. Il fallait bien qu’il ap prenne à être sage et surtout à obéir à sa mère. L’homme partait en voyage. L’enfant ne sortait plus de son bouge. Dans le voisinage, on se passait la petite fille, la charmante poupée, en lui fourrant des gateaux et des dragées. Cependant on avait entendu des plaintes. On commença à chuchoter. On parla de sé questration. Une dénonciation anonyme par vint au parquet. Mais combien de temps s’é tait écoulé, depuis qu’on avait eu des soup çons. La marâtre fut arrêtée. Ce jour-là, les voisines, les mères,.faillirent la déchirer à pleine griffe. L’autorité eut toutes les peines du monde pour la protéger de la fureur des femmes. C’eut été justice, peut-être, si on avait livré la misérable â la furie des mères. Quel sera le sort de cette dénaturée ? Son crime n’est pas de ceux qui conduisent aux assises. La loi ne le veut pas. Elle en tend qu’on respecte même chez les mères qui torturent leurs enfants, les prérogatives du « chef de famille ». Les sévices horribles exercés sur le pauvre petit martyr font par tie jusqu’à un certain point « du droit de cor rection » que le Code autorise, comme le Code autorise aussi « le chef de famille » à faire enfermer son enfant. Cette femme tombe sous la juridiction bé nigne de la police correctionnelle. Elle en sera quitte pour quelques mois de prison... peut-être. Ah! si elle était jugée par un jury de mères!... L. P....