Extrait du journal

n’es^t légitime qu’autant qu’il procure aux contribuables, en , échange d’un sacrifice, un avantage équivalent. Quel «avantage» retirent la plupart des Français, de l’entretien des cultes par l’État? Au dire des cléricaux, le budget des cultes est ur.e indemnité due, à la suite de la vente des biens du clergé au profit de la nation. Sans chercher à discuter l’origine des biens du clergé, on peut faire remarquer que leur valeur a été bien des fois remboursée depuis la Révolution. Aujourd’hui le budget des cul tes monte à 46 millions 348 mille 700 fr., ce qui forme un joli intérêt pour la valeur vénale des proprié- tés vendues. D’ailleurs, il est curieux de jeter un coup d’œil sur les sommes données au clergé de puis le Concordat. Le premier budget, celui de 1802, attribuait au clergé! millions ; sous la Restauration, nous trouvons le budget porté à 24 millions; 30 millions sous Char les X ; 35, sous la République de 1848.L’em pire le porta à 50 millions, sans compter que dans chaque ministère il existe un crédit pour l’Eglise; au budget de la marine ce crédit s’élève à plus d’un million, à l’inté rieur 500 mille francs environ, aux affaires étrangères 500 mille francs,guerre 100 mille, 100 mille aux beaux-arts, etc. Car le budget des cultes est multiple ; il se présente sous toutes les formes ; partout le clergé perçoit encore la dîme. Ne faut-il pas faire entrer aussi en ligne de compte la va leur des monuments .occupés par l’Eglise, les allocations faites aux fabriques par les ’ communes, etc. ?... « Formulez ces évaluations, disait M. Ju les Roche à la Chambre l’an dernier, faites le calcul total, et vous arriverez au chiffre que je puis considérer comme absolument modéré de 4 milliards immobilisés entre les mains du clergé. » Qu’était, à côté de ces chiffres, la valeur vénale des anciens biens de l’Eglise ? Le budget des cultes n’est pas une dette perpétuelle ; il représente le montant des traitements de fonctionnaires toujours ré vocables. Quant à l’indemnité due au clergé par la vente de ses biens, si singulièrement acquis, la France peut déclarer qu’elle a depuis longtemps acquitté cette dette. Il est du devoir de la majorité de la Cham bre de voter la suppression du budget des cultes. — L. P....