Extrait du journal

— Vous devriez modifier votre vote pour ne pas vous rencontrer avec eux. Telle est la doctrine, à moi us qu’on n’ait voulu nous faire une simple guerre de mots ; et il faut bien reconnaître qu’elle ne manque pas d’imprévu, car le jour où elle serait consa crée, ce serait la minorité monarchiste toute seule qui imposerait sa volonté au pays. La photographie appliquée à la politique, quoi ! Quand la Droiie nous fournirait les ombres, nous fournirions les blancheurs ; quand elle donnerait les blancheurs, nous donnerions les ombres ; et nous obtiendrions d’assez jolies épreuves négatives. Par exemple, ce serait toujours la Droite qui les produirait, et nous n’aurions guère que la peine de les tirer... comme on tire les marrons du feu. Une extraordinaire simplification dans la diplomatie parlementaire; et les couloirs ne manqueraient pas de gaieté : — Gomment allez-vous voter dans cette question des céréales, mon cher collègue de Gauche? Je vais repousser toute surtaxe, mon cher collègue de Droite. — Moi aussi — Pas possible ! — Tout co qu’il y a de plus possible. — Oh l alors, mon cher collègue de Droite, je vais m'empresser de voter la surtaxe pro posée par le gouvernement. Ht ce ne serait pas plus malin que ça! Il est vrai que nous avons parfois renversé des ministères, grâce à la Droite qui votait comme nous. Mais à qui la faute ? —O— Les monarchistes parlementaires jouent cartes sur table. Lisez leurs journaux, prêtez l’oreille à leurs conversations, et vous consta terez qu’ils se soucient des principes comme un poisson d’une pomme. Au besoin il vous le déclareront eux-mêmes avec des airs de petits MachiaVels exubérants. Mais faut-il que nous n’ayons plus de principes, parce qu’ils n’en ont pas ? Avons-nous le droit do déchirer notre programme, parce qu’ils n’en ont plus ? Admettons que. nous ayons à formuler en décret l’affirmation célèbre de Galilée : « La terre tourne. » Devrons nous décréter qu’elle no tourne pas, s'il prend à la Droite la fan taisie de déclarer avec nous qu’elle tourne? Et si quelque ministère croule là-dessus, som mes-nous responsable de la catastrophe ? Oh ! je comprendrais que les opportunistes nous fissent asseoir au « bi du bout du banc » du mépris public, si nous votions contre le programme républicain pour grouper contre un cabinet les efforts de l’Extrême-GauchlU et les rancunes de la Droite. Mais quanjKavonsnous laissé tomber dans l’urne un vefte enta ché de royalisme. A quel moment de notre histoire parlementaire avons-nous cessé d’être logiquement républicains ? il y a deux politiques démocratiques à la Chambre, soit, et tous les électeurs ne se sont point prononcés, par exemple, dans le sens de la suppression des sous-préfec.tures. Mais, puisque beaucoup de députés républi cains ont respecté la volonté de leurs électeurs en votant avec le gouvernement dans cette...