Extrait du journal

Un patient se tordait sous un jet d’eau froide, aigu comme une lame d’acier, qui lui labourait le creux de l’estomac. Un autre malade se répandait en im précations sous la nappe glaciale, et exhalait d’affreuses menaces contre scs bourreaux. Un troisième, dans la baignoire où de solides courroies de cuir lo maintenaient de force, râlait comme s’il était sur le point d’expirer. Un dernier aliéné était de meilleure composition. Il ne cessait de rire aux éclats ; mais cette gaieté était peut-être plus déchirante et plus tragique quo les lamentations et les hurlements des trois autres. Nerville, avec la docilité exemplaire qui ne l’avait jamais abandonné, subit la douche sans prononcer un seul mot. Quand la punition fut terminée, l’in firmier voulut bien avertir sa victime en ces termes : Tu sais, toi, le nouveau, je te conseille d’ouvrir l’œil !... Il ne blague pas, ce médecin-là... Aussi, n’essaie pas de t’of frir sa fiole !... Il te ferait coller la ca misole de force !... Comme tu n’as pas l’air d’un mauvais frère, je préfère te prévenir. — Merci, monsieur, répondit docile ment le père de Bernard. On commanda aux quatre compagnons du prétendu Roquevaire de se rhabiller... Mais soudain, l’un d’entre eux se cou cha sur la toile cirée et refusa d’obéir. Les menaces dont il fut l'objet ne par vinrent pas à vaincre son obstination de maniaque irresponsable....