Extrait du journal

Au bout de quarante jours, la plaie était cicatrisée. Mais le poumon droit avait été perforé, la blessure restait mortelle. Ce ne lut qu’une prolongation de vie do quelques mois. Octave avait noblement pardonné à son meurtrier. Il garda par devers lui la redoutable vé rité et obtint d’Héloïse qu’elle se tairait. Il alla même jusqu’à lui faire une promesse solennelle : — C’cal par moi, à cause de moi, que tu as perdu ton aubaine. Je me réjouis de ce que Pierre ne puisse l’epouser, mais je te dois une compensation. Si je meurs, ce qui est vraisemblable, bientôt, je te léguerai assez pour t’assurer une vie honnête. Il la congédia sur celle parole qui était un engagement d’honneur. Au surplus, cette fille était devenue égale ment odieuse aux deux jeunes gens. Pierre avait emmené son ami mourant dans le Midi, à llyères, dans celte meme villa où sa tante, Mme Lopez, était morte. — Je te soignerai si bien, répelait-il, que je te sauverai. — Mon pauvre Pierre, répondait Octave avec un sourire attristé, je ne veux pas t’en lever celte illusion qui te console et me fait oublier notre fatale rivalité. Soigne-moi donc bien, dispute-moi à la mort. Vers le milieu d’avril, il reconnut à d’in déniables signes que la mort était désor mais sur lui, qu’elle le tenait, qu elle allait en faire un cadavre. Ce fut le mourant qui s’appliqua à réconforter Pierre. (A suivre. Pierre Mael,...