Extrait du journal

Il ne pouvait lui-même rien demander de plus. Et, à la haine, succéda cette indifférence dont il la menaçait, le soir de leur noce, dans la chambre conjugale. Le départ de la jeune comtesse pour Cannes, avec Maximilienne, le soulagea en ce sens qu’il ne se sentait plus en état d’endurer le tourment du dépérissement graduel, jour par jour, pour ainsi dire, de l’enfant. Comme il le disait à Marguerite Gucrsault, c’était une torture que la vue de cette agonie de jeune être, que la vie ré clame et que la tombe va saisir. Voir cette petite bouche sourire qui déjà lui semblait glacée lorsqu’elle appuyait cur sa joue, cela lui mettait dans la gorge des sanglots, qu’il lui fallait une force surhumaine pour refouler. * La. présence à ses côtés de Giselle ne le gênait point, certes. '- Ils pouvaient maintenant vivre sous le même, toit, sans contrainte. Mais il n’irait pas là-bas, continuer le supplice qu’il subissait ici. Entre la vieille bonne qui l’idolâtrait et sa tante qui l’aimait avec un dévouement de mère, la fillette était soignée et dorlo tée autant qu’il pouvait le souhaiter. Il préférait rester seul dans le grandhôtel sonore ; sous le coup de la dépêche qui lui dirait : « L’enfant va plus mal », que de regarder dans ce visage blanc, tout amaigri, tout petit, les grands yeux pleins de fièvre, au regard profond de femme, et ces lèvres où il lui semblait avoir aperçu, quand Maximilienne toussait, une trace de la mousse rose, qui teignait de sang...