Extrait du journal

h Vous vous demandez certainement, mon« sieur, à quoi bon celte longue lettre. u En voici le motif. « Vous avez déjà compris mon affreuse « pensée. > « Je veux mourir. « Tous les courages ont des bornes. « Le mien est à bout. ¥ Mais je lie veux pas mourir seule. ¥ J’aime ma fille, je l’adore, et ce qui « m’ôte mes dernières forces, c’est la pensée ¥ qu’elle est perdue, vouée à une fin pleine ¥ d’angoisses. « Le médecin a prononcé sa condamna it lion, je vous l’ai dit. « Je l’aime passionnément, mais je Palme « d’un amour égoïste, d’une tendresse jalouse « et sauvage. « D’ailleurs, voudrait-elle me quitter elle¥ même 7 « Nous mourrons donc ensemble. « Comment? « Je sie le sais pas encore, mais sans « doute do la mort des pauvres auxquels un « seau de charbon suffit pour s’endormir ¥ sans réveil. « Or. la fosse commune m’effraie, pour « ma chère Valenline et pour moi. « Quand on vous remettra celte lettre, ¥ nous ne serons plus. « La seule faveur que je vous demande, ¥ l’unique aumône, c'est une sépulture Iso« lée, une tombe où nous soyons réunies « toutes les deux et dont personne ne vienne « troubler le repos. « C’est déjà beaucoup, peut-être. « Je voudrais plus encore. « 11 est un coin de terre que l'aurais dc¥ siré revoir avant do mourir....