Extrait du journal

— Il faut que cela soit, Madeleine ! fit-il d’une voix sombre. La chaîne est rivée entre nous... Nul ne la brisera... Pas même vous 1 — Et la loi divine ? — Je pourrais vous dire que je ne l’ad mets pas... Je préfère vous répondre que tout ce qui s’est passé n’a pu s’accomplir sans le consentement de cette volonté su prême que vous invoquez, puisque rien n’arrive sans sa permission... Dieu, — ou la Nature, — a fait les humains pour s’aimer... C’est la loi suprême, la seule devant laquelle tout s’incline. Dieu, puis que vous y croyez, n’a pas créé d’être iso lés... Il les envoie sur la terre deux par deux, un homme et une femme qu’il a façonnés l’un pour l’autre, et destinés à être unis à l’heure qu’il a marquée, dans un seul et unique amour... Car on n’aime qu’une fois, et puisque vous avez avoué que jamais votre mari n’avait fait battre votre cœur, c’est donc que votre Dieu voua réservait pour moi. — Vos sophismes empoisonnés, vos blasphèmes sacrilèges ne m’abuseront pas... Vous osez prononcer le nom de mon mari... Mais il m’aime, lui !... — Il est parti... Il a déserté le foyer conjugal 1 — Afin de lutter pour nous !... Pour moi !... Afin de me rendre la fortune et le luxe qu’il croit indispensable à mes goûts !... Et voilà le prix dont vous vou lez que je paie son effort ! — Votre mari n’est plus dans l’âge où l’on refait sa fortune et sa vie... Il ne re viendra pas et, par cela même, il vous a rendu votre liberté... Resterez vous éter...