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Le Progrès de la Somme, 22 décembre 1928

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Le Progrès de la Somme
22 décembre 1928


Extrait du journal

Entre le producteur et le consul mmilcuv, l'action gouvernementale ne s’exerce presque jamais «l une manière bien utile et trop souvent d’une manière malheureuse. Aussi ne saurais-je personnellement approuver la thèse du sénateur Blaignan qui disait l’autre jour au Sénat, au cours du dehat sur l’agriculture : « Si on cessait de faire du blé dans ma région, il manquerait 05 millions ilv quintaux dans la production totale de la France. On alléguera la difficulté de relever le prix du pain. Mais le pain ne joue plus dans l'alimentai ion le rôle fondamental qu’il jouait naguère. Pourquoi le. pain se paie-t-il 2 francs « liez nous, alors que tous les autres pays le paient de 2 lr. 80 à ;» francs ? On peut facilement, après avoir pris les mesures nécessaires en faveur des besogneux, relever le prix du pain. Il suffira d’expliquer aux Français les nécessités de la situation. » Argumentation des plus fragiles cl, au surplus, malheureuse. Fragile, parie qu’il n’cl pas exact que le pain ait cessé de jouer dans l'alimentation des Français un rôle fondamental. Sans doute, l’ancien préjugé qu’on ne sc nourrit pas bien >i l'on ne mange beaucoup de pain est plus aussi fort que dans le passé. La bonne miche occupe pourtant toujours la place d'honneur sur nos tables el si les médecins le prônent un peu moins comme étant l'aliment complet, les mères de. famille, les femmes du peuple considèrent toujours le pain comme indispensable et n'ont nullement perdu l'habitude de recommander à leurs rejetons .< de ne pas le gaspiller ». Cette constatai ion nous conduit tout droit à celle-ci, qu’il est absolument arbitraire d'établir une comparaison entre les prix du pain dans notre pays et dans les autres pays d’Europe. Si hors de France, le kilo eu coûte un tiers de plus que chez nous, c’est de cloute évidence parce qu'on en mange moins. Si nous persistons à le taxer, c'est non moins évidemment parce que s’il atteignait le prix où le sénateur de la Haute-Garonne, semble désirer le voir, il en résulterait un trouble profond dans l'économie des ménages de travailleurs. C'est ici qu'apparaît le côté maladroit du raisonnement de M. Blaignan. Jamais il n’a été très habile de recommander du haut de la tribune des augmentations du prix des produits. Tou le augmentation d’ailleurs en cuirai no aussitôt une autre, c’est le cercle vicieux ou plutôt la vis sans lin. C’est donc ailleurs qu'il faut chercher la solution de la crise où se débat l’agriculture el qui semble aujourd’hui si profonde. Des orateurs en ont indiqué quelquesuns. M. Judet, un outillage agricole modernisé, des semences sélectionnées cl des producteurs de choix. M. Joseph Faure, l’altéra filiation des droit- de imitation qui. par leur taux devenu prohibitif, inclinent les intéressés à abandonner les propriétés. M. Provoslchima reliais, la diminution do l'impôt sur le» bénéfices agricoles. El presque tous, l'intensification de la production. En ce qui concerne notamment le blé, M. loyaux s'est écrié : « Jamais le pays ne pourra produire les DO millions de quintaux qui lui soûl nécessaires, si l’on ne remet pas en blé les terres abandonnées. Il n’y a qu'un remède à la crise : permetIre au producteur de vendre à un prix rémunérateur. » Mais est-ce au pouvoir du gouvernement ? Si I on fait plus de blé, le blé, par la force même des choses, connaîtra îles tarifs encore plus bas que ceux d aujourd’hui. Ou alors il faut supposer (et v’est une supposition fiiez gratuite) qu'on en exportera énormément. Et alors on ne découvre pas d’autre solution que celle qui consiste, non pas à vendre à des cours plus élevés, mais it diminuer les frais généraux pour produire à meilleur compte. En bonne économie, d'ailleurs, on n’a jamais connu méthode plus efficace. C’est celle des Américains, au moins pour l’industrie, car nous savons qu’en une période de prospérité sans égale, les agriculteurs des Etats-Unis ne sont pas très satisfaits de leur sort. Mais, en vérité, même si cette méthode se révèle parfois inopérante ellemême. ou n’en a pas de meilleure à sa disposition....
Le Progrès de la Somme (1869-1944)

À propos

Le Progrès de la Somme est un quotidien départemental publié dans la ville d’Amiens et fondé par René Goblet, Frédéric Petit et Jules Lardière en mai 1869. Face à son concurrent Le Journal d’Amiens, catholique et conservateur, il se place comme un organe républicain de gauche, plus grand titre de Somme pendant toute la IIIe République.

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