PRÉCÉDENT

Le Progrès de la Somme, 23 août 1880

SUIVANT

URL invalide

Le Progrès de la Somme
23 août 1880


Extrait du journal

De tous les moyens imaginés pour désarmer le parti clérical — ou du moins porter une atteinte sérieuse à son action dans le pays — le plus simple et le plus efficace serait de fermer résolûmes l’entrée de toutes les fonctions publiques aux créatures des jésuites. A vrai dire, toutes les autres mesures sont vaines et dépourvues de sanction pratique. Nous sommes loin de blâmer le gouvernement d'avoir rendu les décrets du 29 mars et encore moins de les appliquer. Il y avait là une démonstration qui s’imposait, et dont la dignité de l’Etat li i fanait un devoir. Il était nécessaire de montrer aux congrégations non autorisées qu’elles ne sont pas au-dessus des lois et qu'elles ne sauraient braver impunément l’opinion et les pouvoirs publics. Quels qu'en dussent être les résultats pratiques, les décrets du 29- mars étaient devenus nécessaires. Cela dit, on est bien obligé de convenir que les mesures prises contre les congrégations n’auront pas tout l’effet que plusieurs en attendaient tout d'abord. La seule atteinte vraiment sérieuse que les ordres en aient reçue, c’est que la dispersion de leurs membres rendra plus difficile, pour quelque temps du moins, le recrutement de leur personnel; mais, en ce qui concerne l’enseignement, les congrégations ne paraissent pas devoir être, autant qu'on le pensait, entravées dans leur œuvre. De tous côtés, elles se bornent simplement à se transformer pour échapper à la loi que 1 Etat a voulu leur appliquer; les moines changent de costume et deviennent des prêtres ordinaires ou même des laïques apparents ; des sociétés se forment pour exploiter de nouvelles’ maisons d’éducation — et ces prétendues nouvelles maisons seront tout simplement les anciennes, avec les mêmes programmes et les mêmes professeurs. C’est ce qui se passe à Amiens ; c’est ce qui se passe un peu partout. A vrai dire, il y a dans ces travestissements et dans cette finasseriez un certain manquo^de dignité. L’orgueil des jésuites en doit souffrir un peu. Où est le temps où le général de l’Ordre répondait, le front haut, à un pape qui lui demandait une transformation des jésuites : « Sint ut suât, aut non tint ! » Il resteront tels qu ils sont, ou ils n’existeront pas 1 Hélas 1 les temps sont durs, et il faut se relâcher maintenant de ces fiertés rigoureuses. Les lions d’autrefois sont devenus de simples renards....
Le Progrès de la Somme (1869-1944)

À propos

Le Progrès de la Somme est un quotidien départemental publié dans la ville d’Amiens et fondé par René Goblet, Frédéric Petit et Jules Lardière en mai 1869. Face à son concurrent Le Journal d’Amiens, catholique et conservateur, il se place comme un organe républicain de gauche, plus grand titre de Somme pendant toute la IIIe République.

En savoir plus
Données de classification
  • gambetta
  • havas
  • de neuvillette
  • jametel
  • fournier
  • tellier
  • bezançon
  • dupin
  • moschell
  • jules
  • france
  • somme
  • la somme
  • amiens
  • paris
  • marseille
  • mailly
  • neuvillette
  • oise
  • frohen-le-grand
  • conseil général
  • la république
  • l'assemblée
  • république française
  • parlement
  • crédit agricole
  • compagnie à