Extrait du journal

C'est à nous de confesser, devant le triomphe de la force brutale, le droit et la justice éternelles. C'est à nous d'apprendre aux diplomates qui imposent le traité et aux diplomates qui l'acceptent que des provinces ne sont point des propriétés ou des marchandises qu'on cède, qu'on vend et dont on trafique; que la France n'a pas plus le pouvoir 'de donner la Lorraine et l'Alsace que l'Allemagne n'a le droit de les accepter. Que les habitants de l'Alsace et de la Lorraine s'appartiennent ; que le hasard d'une guerre ne peut point les faire Allemands ou Français; qu'ils ne reconnaissent point la conquête; que, quoique brisés par elle, ils la considèrent comme nulle ; qu'ils demeurent ce qu'ils étaient, en dépit des signatures de M. de Bismarck et de M. Thiers; que la guerre qui a forcé les villes, anéanti les armées, brisé les nations, laisse intactes leurs consciences, et que tout cet appareil militaire effroyable de l'Allemagne triomphante devient impuissant devant la révolte de leurs volontés....