Extrait du journal

On ne peut d'abord, en lisant ces pages, s'empêcher de se demander si, dans notre armée, beaucoup d'officiers généraux ou supérieurs seraient en état de produire un livre aussi fortement pensé. Sans pousser l'optimisme jusqu'à répondre affirmativement à cette question, souhaitons seulement que, même dans l'armée allemande et parmi ses camarades, le baron Von der Goltz ne soit qu'une brillante exception. Mais, en même temps qu'on est frappé des hautes facultés, de la vive intelligence d'un adversaire d'hier et peut-être de demain, on éprouve une satisfaction patriotique en voyant à quel point, qu'il le veuille ou non, l'auteur est préoccupé — inquiet, allions-nous dire -des nouveaux movens de défense de notre pays. Même quand il ne nomme pas la France, en discutant les éventualités des luttes futures, on sont aisément pour peu qu'soil informé des combinaisons défensives, adoptées chez nous après 1871, que là se porte toujours la pensée de l'écrivain. Même quand il ne fait aucune allusion apparente aux barrières que rencontrerait aujourd'hui l'envahisseur, ou devine à quel obstacle il songe et l'on a parfois la satisfaction de se convaincre, à la forme un peu vague et un peu hésitante du raisonnement, que la solution cherchée n'a pas encore été trouvée....