Extrait du journal

et plus funeste que les changements de président, ils ont changé le président, sans préparation, brusquement, brutalement, la nuit; ils ont jeté à la porte, comme on n'y jette pas un domestique pris en fraude, le premier magistrat de la République, le député que la France avait nommé dans vingtsept départements, l'homme qui venait d'obtenir le grand emprunt; ils ont choisi, pour le remplacer, un militaire, dont ils ont mis l'épée sur la gorge du pays, et bouge maintenant, misérable ! Et pendant deux ans ils ont été les maîtres, ils ont traité la France en pays conquis, ils ont eu tout, jusqu'à l'état de siège. Et après deux ans de ce pouvoir absolu, ces monarchistes à outrance ont réussi à constituer la République. Ils sont rentrés dans l'ombre, mais pour y apprêter une nouvelle entreprise. En mai 1877, ils en sont ressortis aussi subitement que la première fois, et se sont rués avec la même fureur sur les ministères, sur les préfectures, sur les mairies, sur tout. On a revu ce spectacle édifiant des fusilleurs du duc d'Enghien dans les bras des fusilleurs du maréchal Ney, et du petit-neveu de...