Extrait du journal

C'était bien longtemps avant la guerre dont nous sortons. Ni les conseils de la plus saine raison, ni les expériences décisives de nos sous-marins et de nos submersibles, ni les leçons de la guerre russo-japonaise, ni Port-Arthur, ni Tsoushima, n'a* vaient servi de rien. La France continuait à construire des mastodontes aussi ruineux qu'inutiles, pour le plus grand enrichissement des puissantes sociétés métallurgiques et des fabricants de blindages. C'était le triomphe de la politique navale anglaise, poursuivie à travers les siècles avec le plus remarquable esprit de suite, et destinée à assurer à la Grande-Bretagne la suprématie maritime. Ni l'avance prise par l'Angleterre, ni l'insuffisance de notre capacité financière, ni l'obligation de faire porter la plus grosse part de notre effort sur notre armée de terre, ni la faible et coûteuse production de nos arsenaux et de nos chantiers privés, comparée à celle des chantiers et des arsenaux anglais, rien ne put jamais déterminer notre marine à renoncer à ses vieux errements. Amours-propres blessés et intérêts privés se coalisaient pour étouffer toute réforme navale....