Extrait du journal

Mme Dreyfus, un bronze: «Honneur aux vaincus ! » dit-il. Beaucoup nous sollicitent simplement de les inscrire sur les listes de protestation, nous envoient leurs noms. « Il faut que chacun donne son coup de pioche », écrit l'un de ceux-là. Beaucoup aussi nous apprennent que la monstrueuse iniquité commise à Rennes a triomphé de leurs dernières hésitations, fait tomber leurs dernières résistances. «Avant le jugement de Rennes, nous pouvions avoir encore quelque doutes, mais après ce procès nous devons croire à l'innocence de ce soldat dont vous avez bien raison de qualifier d'admirable l'attitude. » Cela vient d'un «groupe de bijoutiers » - «tout simplement honnêtes », ajoutent-ils, voulant montrer par là qu'ils n'ont point de passion politique, qu'ils n'obéissent qu'aux suggestions de leur conscience indignée. Je rencontre sous ma main une autre lettre conçue dans le même esprit : « Avant le procès de Rennes, j'étais antidreyfusard, mais non antirevisionniste; le verdict m'a rendu dreyfusard. »...