Extrait du journal

S'il fut jamais un moment où le besoin d'une discussion générale était généralement peu ressenti, c'était bien hier, n'est-ce pas? Mais il y a des gens qui aimeraient mieux se couper en tout petits morceaux que de ne pas parler; ils savent qu'on ne les écoutera pas, que leur discours sera nul et non avenu ; ils ont conscience de « raser » abominablement leur auditoire; ça ne fait rien : ils parlent. Tel M. d'Aillières, un grand monsieur blond, l'un des orateurs financiers de la droite. M. d'Aillières a parlé hier; et puis, après lui, M. Boudenoot, dont c'est la spécialité de glisser tous les ans un discours dans la discussion générale du budget — le reste de l'année, il se tait; et puis encore M. Portier, et, quand ce dernier a consenti à se taire, on s'est hâté de clore la discussion générale, de peur, évidemment, de voir un Soubeyran ou un Daynaud quelconque profiter de l'occasion pour s'installer à la tribune....