Extrait du journal

Une autre preuve de l'impuissance des plébiscites à faire des empereurs ou des rois, c'est qu'on entend encore, de temps à autre, les bonapartistes en demander un. Si un plébiscite pouvait donner une nation, non-seulement les bonapartistes n'auraient pas besoin d'un plébiscite en 1883, puisqu'ils ont celui de 1870, mais ils n'en auraient pas eu besoin en 1870 : est-ce qu'ils n'avaient pas celui de 1852 ? Et ils, n'en auraient pas eu besoin en 1852 : est-ce qu'avant les plébiscites du neveu ils n'avaient pas les plébiscites de l'oncle ? Est-ce que deux fois, en 1804 et en 1814, un plébiscite n'avait pas donné le pays aux Bonaparte? Pourquoi, ayant ces quatre plébiscites, l'empire en demande-t-il un cinquième? Parce que les quatre premiers comptent — comme le cinquième compterait. Demander aux peuples de se donner, c'est constater qu'ils s'appartiennent. Leur demander de se redonner, c'est constater que ces dons-là sont nuls....