Extrait du journal

Nous prenons ainsi en flagrant délit la nullité des uns, les arrière-pensées des autres, les mensonges de.tous : la nullité de ceux qui comme la France, n'ayant d'intérêt que le maintien de la paix, n'apportant aucune convoitise dans les choses d'Orient, ont laissé complaisamment (le mot est faible), conduire les affaires jusqu'au conflit actuel, avalant toutes les couleuvres, subissant toutes les avanies, prêts à toutes les domesticités ; — les arrièrepensées de ceux qui comme quelques autres puissances, impatientes de saisir leur part de l'héritage, ont amené la conflagration sous prétexte de l'éviter, et joué la candeur ineffable des nôtres; —enfin le mensonge universel qui éclate aux yeux pour peu qu'on veuille bien se rappeler,, condamne ces souvenirs. Est-ce qu'il y avait une menace réelle de guerre européenne dans les premiers incidents, dans les troubles et les tueries d'une province turque ? Non : il y avait là un de ces incidents qui ne laissent pas de trace, quand on y met fin immédiatement. Il a fallu qu'on cachât à l'opinion, qu'on couvrît complaisamment les premiers massacres ; il. a fallu qu'on laissât de parti pris le mal s'aggraver et s'étendre ; il a fallu qu'on fût à la fois dupe et complice, pour nous jeter dans les périls actuels....