Extrait du journal

I S’il est une chose dont la bourgeoisie soit particulièrement fière, c’est, à coup sûr, l’instruction de ses enfants. Lorsque ses apologistes nous vantent les avantages de l’état de choses actuel, ils ne manquent pas d’insister sur la supériorité intellectuelle de la classe bourgeoise, sur le grand nombre d’artistes, de littérateurs et de savants qu’elle a produits, sur les progrès importants qui sont dus à son initiative. Cette supériorité intellectuelle leur parait tellament écrasante et incontestée qu’ils en font un argument à l’appui de leur thèse sociale. A ceux qui leur parlent d’émancipation et de liberté, ils répondent invariablement : « Est« ce que vous pourriez vous passer des classes « dirigeantes ? Le peuple est ignorant et inca« able d’agir par lui-même, nous seuls post cédons l’intelligence, l’instruction, la science ; « ne faites donc pas miroiter aux yeux du pro« méfaire la décevante idée de son émancipation, « vous savez bien qu’en dehors de nous il ne « pourrait rien faire. Sans les directeurs d’u« signe, sans les ingénieurs, les ouvriers sont « réduits à l’impuissance. Qu’ils se laissent « donc diriger tranquillement, nous ferons leur « bonheur mieux qu’ils ne le pourraient eux« mêmes, car nous sommes l’élite intellectuelle « de la société....