Extrait du journal
nées, le fond de notre système diplomatique, sa politique sommeil lante au dehors pour maintenir la paix, si eUe fut active au dedans pour contenir la liberté, cette politique, si l'on en croit quelques symptômes extérieurs, est menacée dans sa, quiétude universelle ment conciliante. Dieu nous.garde de partager les smipçons de l'An gleterre, qui accuse notre gouvernement de favoriser les Français du Canada. La métropole britannique aidant par l'injustice et 1 inflexi bilité de ses prétentions, par l'avidité de ses proconsuls et les ri gueurs de sa loi martiale, les Canadiens s'émanciperont sans nous. L'insurrection se'propage, les troupes royales etles colons en sont venus aux1 mains. Le président des Etats-Unis choisit ce moment pour élever dans son message un litige suri» délimitation des territoires;, litige auxiliaire à la cause d'affranchissement,pour laquelle "combat tent les. insurgés ; mais ce n'est point dé ce côté que nous "prêtons l'alarme, et les têtes de nos compatriotes peuvent être mises à prix sans que nos relations amicales en souffrent avec qui que ce soit. S'agirait-il enfin de coopération française en Espagne, et lorsque le cabinet de Londres licencie les troupes qu'il entretenait dans cette partie de la Péninsule, le cabinet des Tuileries songerait il à rem plir les promesses qui viennent de lui être rappelées par Martinez de la Rosa? Les cortès le désirent, la reine régente l'espère; on parle même d'un projet de fiançailles entre la petite Isabelle et le plus jeune des fils de Louis-Philippe. Toutefois nous ne pensons pas qu'un parti si décisif, bien que l'exécution en soit tardive, ramène M. Thiers triomphant au ministère. Les princes enfans ont le temps d'at tendre, et on ne compromet pas le repos présent, le repos si chèrement acheté pour la fortune lointaine d'un mariage à venir. Il n'est rien cependant que ne fasse le gouvernement espagnol pour capter les bonnes grâces de notre gouvernement/Espartero abandonne le ter rain à don Carlos pour rétablir la discipline dans l'armée constitu tionnelle. Et quelle discipline! c'est la licence pour tous les parti sans du statut royal, c'est la fusillade pour les patriotes, fusillade vengeresse des insolences de la Granja. Cependant l'alerte qui menace le statu quo de l'équilibre européen a une cause plus imminente et plus voisine. Le roi de Prusse se meurt. Le fils n'a point hérité des goûts pacifiques du père. Il entre dans tous les complots de l'aristocratie anglaise, dans toutes les idées du roi de Hanovre, dans toutes les rancunes du roi de Hollande, dans tous les projets de l'empereur de Russie; il brûle de signaler son avènement à la couronne par quelque entreprise chevaleresque, par quelque croisade pour la légitimité. Soit intention sincère, soit ma nœuvre adroite, Nicolas flatte le parti légitimiste d'une double al liance impériale avec le duc de Bordeaux et sa sœur. Il médite, dans son orgueil blessé, une folle campagne contre le climat, les monts es carpés et les indomptables habitans de la Cireassie : cette folie lui paraîtrait moins hasardeuse s il mettait avant de partir l'Europe en feu. L'insulte puérile de la forêt du Luxembourg n'aura pas de suite; mais la querelle toujours ouverte entre la Hollande et la Belgique fournira au besoin le prétexte d'une intervention, et le gouverne ment français averti se hâte d'envoyer aux frontières une avantgarde respectable. Il se pourrait donc que la session fût agitée par des intérêts plus sérieux que ceux qui se rattachent à des nuances d'opinions et à des ambitions privées. Jamais cependant la disposition des esprits ne fut plus réellement pacifique. L'industrie, qui se développe si magni fiquement en Belgique, qui invite d'une voix si caressante la France à imiter son ancienne annexe, devenue par le travail, l'intelligence et la sagesse une grande nation sur un territoire étroit, l'industrie, que le despotisme redoute instinctivement, que la liberté commence à comprendre, l'industrie serait-elle donc destinée à subir dans son élan civilisateur le choc de la force brutale et l'invasion des idées barbares? Nous avons foi dans'le triomphe de la civilisation, mais nous aurions voulu qu'avant la lutte l'industrie fût une puissance bien constituée dans le pays et bien représentée aux sommités de l'état. C'est à la chambre d'aviser. CAUCH01S-LËMAIRE....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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