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Le Siècle, 2 août 1849

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Le Siècle
2 août 1849


Extrait du journal

ce qu'il en faut pour savoir gagner vingt-cinq ou trente pour cent sur-les marchandises que l'on vend. — Oui, measieur, je sais beaucoup de choses. — L'anglais, vous le parlez ? — Couramment. — L'allemand? — Comme le français. — L'italien? — Sur le bout du doigt. — L'espagnol? — A merveille. — Le latin, le grec? — A fond. Je sais même l'arabe. — L'arabe ! hein, mon père, fit Julie, voiiîiqui est beau ! -Si vous saviez l'arabe, vous, comme vous seriez content ! — Comment; monsieur, vous lisez ces lettres longues, maigres et tordues qui ressemblent à du vermicelle? — Je lis cela à livre ouvert. — Vous dessinez aussi ? — Oui. Je pourrais faire une bonne copie d'un grand maître. Je fais un peu d'architecture, je suis très fort en chimie, je sais l'his toire universelle, l'histoire naturelle ; j'ai fait mon droit. Et vous croyez qu'en un an je ne tirerai pas cinquante mille francs de tout cela ! — Cinquante mille francs! c'est beaucoup d'argent; mais je ne me dédis pas, et je tiendrai ma promesse. Revenez le 15 septembre 1838. Cependant je vous donnerais tout de suite ma fille, si vous aviez l'argent que vos parens ont dépensé pour vous faire appren dre tout ce que vous savez, quand bien même vous seriez un ignorant. —Vous attendrez patiemment pendant toute une année, Julie ? dit Léon à la jeune fille. ■— Oui, mon ami, je vous le jure. — Allons, monsieur, au 15 septembre 1838, fit Léon en se reti rant après avoir serré la main de celle qu'il aimait. — Monsieur, j'ai bien l'honneur de vous saluer, répliqua M. Le brun, aux lèvres duquel cette phrase, qu'il avait répétée pendant, vingt années, chaque fois~qu'il avait pris congé d'un client ©u d'une pratique, revenait saas cesse, parée d'une intonation pré tentieuse et d'un sourire insignifiant....

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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Données de classification
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