PRÉCÉDENT

Le Siècle, 3 mai 1882

SUIVANT

URL invalide

Le Siècle
3 mai 1882


Extrait du journal

~ Le Constitutionnel revient sur la thèse qu'il a soutenue il y a quelque temps et à laquelle nous avons répondu déjà. Sous le titre de « la République et les mœurs, » il trace de l'ancien parti républicain Un tableau dont plusieurs traits sont ressem blants. Mais il né faudrait pas croire que c'est par amour de la vérité que l'ancien jour nal officieux de l'empire rend justice à nos ancêtres de 1792 et à nos pères de la Restauration et de la monarchie de Juillet. S'il constate que les,républicains d'autre fois, Cambon et Lakanal comme Godefroy Cavaignac et Barbés, étaient passionné ment attachés aux principes et absolu ment inaccessibles aux basses tentations, c'est pour ajouter que ceux d'aujourd'hui sont loin de leur ressembler. Il en donne pour exemple l'aventure d'un député de la majorité qui présidait une société dont la faillite a été déclarée, et celle d'un autre membre de la chambre qui est accusé d'avoir opéré sur une carte ' de .circulation une substitution de nom à l'aide d'un grattage. Il veut bien recon naître d'ailleurs que le Siècle, à la seule annonce d'un de ces faits, n'a pas hésité à réclamer une enquête et a déclaré que si l'accusation était, reconnue exacte, la chambre des députés devrait aviser sans retard et frapper sans faiblesse. Oui, nous avons tenu ce langage, et nous n'en tirons pas vanité. Nous n'avons fait que suivre une tradition constante de notre parti. Les monarchistes et les clé ricaux ont pour coutume de faire le si lence autour des leurs qui commettent des distractions passibles des tribunaux de répression ou des manquements à la dignité ou à l'honneur, quelquefois même ils vont jusqu'à innocenter les cou pables ou à plaider les circonstances atté nuantes en leur faveur. Il n'en est pas de même chez nous. Quand un homme qui a. figuré dans nos rangs se trouve dans des circonstances analogues, nous n'hésitons pas à écrire son nom en toutes lettres, et, s'il le faut, nous demandons les premiers que justice soit faite. Les républicains de notre temps, que le Constitutionnel veuille le croire, n'ont pas sur ce point d'autre règle de conduite. Mais le journal que le docteur Yéron a dirigé et que M. Paulin Limayrac a rédigé, insiste. A l'entendre, notre parti n'est plus qu'un ramassis de « jouisseurs ». L'accusation est grave venant d'un organe qui a eu des faiblesses pour la politique de M. Guizot et pour qui M. de Morny a été un modèle de. désintéressement et de vertu. Le Constitutionnel oublie que, le 26 juin 1847, un député a pu, s'adressant du haut de la tribune à M. Guizot, à M. Duchâtel et à M. Hébert, dire ceci': « Nous sommes à une époque de démoralisation et de cu pidité. (Mouvement.) Jamais peut-être, pas même au temps de la Régence et du Directoire, dans les corps politiques, dans les corps administratifs, dans les rangs divers de la société, partout, tant et de si fâcheux exemples n'avaient outragé la morale, occupé la justice, inquiété la po litique, qui recule effrayée devant l'évi...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

En savoir plus
Données de classification
  • faré
  • lilly
  • forster
  • guizot
  • maxse
  • baragnon
  • cambon
  • godefroy cavaignac
  • duchâtel
  • berryer
  • france
  • paris
  • berne
  • irlande
  • danube
  • allemagne
  • alsace-lorraine
  • dublin
  • algérie
  • lon
  • la république
  • union postale universelle
  • m. w
  • lilly
  • parti républicain
  • journal officiel