PRÉCÉDENT

Le Siècle, 5 mai 1882

SUIVANT

URL invalide

Le Siècle
5 mai 1882


Extrait du journal

se, l'école avec Dieu à l'école sans Dieu. Mais il y a un autre inconvénient: l'Union catholique a ressenti le contre-coup du krach (le l'Union générale. Les plus pres sants appels de fonds restent sans répon se.* beaucoup d'appelés, peu d'écus. Les temps sont déplorables. Sans compter qu'un certain nombre de cléricaux, vrai ment logiques, vraiment fidèles à leurs principes, se prêtent d'assez mauvaise grâce à une propagande ayant pour but de multiplier les écoles libres et devant avoir pour coriséquence de vider leurs bourses et de diminuer la sainte igno rance. Et quelle ignorance ! M. le ministre de l'instruction publique en fait un tableau saisissant dans une lettre qu'il vient d'a dresser à M. le préfet du Morbihan : Le Morbihan, y lit-on, dans toutes les der nières statistiques de l'instruction primaire occupe le dernier rang. C'est, de toute la France, le département qui fournit, et de beaucoup, la plus forte proportion d'illettrés parmi les conscrits. L'année dernière encore,, dans les parties rurales de ce département, plus de 60 pour 100 des jeunes gens appelés à tirer au sort, déclaraient ne savoir ni lire ni écrire ; et la moyenne générale du dépar tement, en y comprenant même les villes, donnait encore, au dernier recensement, ce triste et significatif résultat : sur 100 con joints, 60 étaient absolument incapables de signer leur acte de mariage. Faut-il donc que les cléricaux eux-mê mes, sous prétexte d'entrer en lutte avec l'esprit diabolique du régime républicain, portent atteinte à un si bel état de choses? Le Monde, en déplorant les dépenses que le gouvernement va faire dans cette in tention, donne discrètement à entendre qu'il y aurait eu avantage pécuniaire pour l'Etat à laisser les catholiques bretons et vendéens se charger eux-mêmes du soin de pQurvoir leur contrée d'écoles. Ils n'au raient rien précipité, comme on pense , au contraire. Mais un peu de précipitation en pareille matière n'a rien qui nous déplaise. Si vite qu'on, agisse d'ailleurs, il faudra du temps encore pour que ces dépenses produisent leurs fruits. Nous approuvons donc l'ini tiative du gouvernement. Nous croyons, comme M. Jules Ferry, que les obstacles qui s'opposeront à l'exécution complète de la loi sur l'obligation de l'enseigne ment primaire viendront beaucoup moins du mauvais vouloir des populations que de difficultés matérielles, insuffisance ou manque absolu de locaux scolaires, éloignement des hameaux, etc. En un mot, pour que la loi soit appliquée partout, le gouvernement aura plus besoin de ma çons que de gendarmes. Notre conviction paraît être aussi celle du Monde et des autres feuilles du même bord. Voilà pourquoi les décrets, allouant des crédits aux départements de la Ven dée et du Morbihan, les ont vivement tou chés....

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

En savoir plus
Données de classification
  • tirard
  • forster
  • guichard
  • barrère
  • zévort
  • gréard
  • caillaux
  • chamber
  • de mahy
  • dépassé
  • paris
  • france
  • suisse
  • belgique
  • irlande
  • vendée
  • autriche
  • espagne
  • angleterre
  • vienne
  • la république
  • union postale universelle
  • entre autres
  • sénat
  • journal officiel
  • union