Extrait du journal

Un de nos rédacteurs nous adresse de Ver; «ailles la lettre suivante : Versailles, 5 juin. C'était le jour du grand débat. Versailles avait dès le matin une physionomie fort animée : ouverture du conseil de guerre où Assy devait comparaître, et discussion passionnée au palais législatif. La questure était littéralement assiégée. Depuis samedi, où la circulation a été rétablie, on accou rait de Paris pour enlever les cartes des tribunes. Le bruit courait ce matin que le duc d'Aumale, cantonné à Saint-Germain depuis quelques jours, venait d'arriver à Versailles pour conférer, avant l'ouverture de la séance, avec ses amis. A mesure qu'approchait l'heure de ia discussion, on était de moins en moins fixé sur l'état de la question. La lettre du duc d'Aumale à M. d'Haussonville existe, on l'a vue, on l'a lue, elle a été communi quée à un certain nombre de personnages; et cependant quelques représentants, qui ne dissimulent pas leurs sentiments orléa nistes, affirmaient que la fusion n'est pas faite. Quel est donc ce mystère? Je tiens les princes d'Orléans pour de fort honnêtes gens; je suis certain qu'ils ne consentiraient pas à jouer un double jeu, à ménager, comme on dit vulgairement, la chèvre et le chou, à tendre une main à M. le comte de Chambord et l'autre au li béralisme. La lettre restée inédite de M. le duc d'Aumale est donc un document in suffisant. Il importe/* dans l'intérêt de leur dignité, que les princes s'expliquent pu bliquement et catégoriquement. Nous de vons savoir à quelles conditions l'union s'ost faite entre les deux branches séparées depuis quarante ans. Est-ce M. le comte de Chambord qui a cédé de ses prétentions î Sont-ce au con traire les princes d'Orléans qui ont abdi qué les leurs 1 Le drapeau de la fusion est-il blanc ou tricolore T Est-ce le lis ou le coq gaulois qui revient de l'exil t A toutes ces questions, on doit une réponse claire et nette. Peut-être, du reste, quel que lueur va t-elle jaillir de la discussion, et éclairer cette question embrouillée de la fusion, si controversée au moment même où la lettre du duc d'Aumale la présente rait comme un fait accompli. La rue des Réservoirs, cette salle des pas perdus à ciel ouvert, offre l'aspect le plus ébouriffant. On y discute et on s'y dispute, comme si l'on était dans la salle des séan ces. Des groupes compactes formés devant...