Extrait du journal

Décidément M. de Mun n'obtient aucun succès, et la droite n'a pas encore trouvé le chef qui lui manque. Le Figaro nous fait à cet égard cet aveu que le fougueux apôtre du parti catholique « se trompe du tout au tout », s'il croit que les électeurs, en nom mant deux cents réactionnaires, ont enten du voter pour l'abolition du divorce, la ré forme du droit de tester et un respect légal du repos dominical. Quoique la France soit catholique, elle l'est moins, beaucoup moins même, selon le Figaro, que ne le suppose M. de Mun, et il nous révèle à «cet égard des choses assez curieuses pour être signalées. Témoin ce passage..du petit article qu'il consacre à la lettre intempestive du député du Finistère : Si nous mettons à part un noyau de catholi ques militants très agissant, quoique très res treint, la religion consiste pour les femmes à aller à la messe et à communier assez rarement, pour les hommes à se marier à l'église, à faire baptiser leurs enfants, à écouter au moment suprême les consolations du prêtre. Au tond, cela est correct et il serait imprudent d'en de mander plus, mais on voit qu'il y a loin de là à la formation d'un parti catholique qui sub ordonne toute l'économie sociale et politique de ee temps à la satisfaction de ses doctrines. Ainsi le catholicisme de la France, à part un noyau fort restreint, se trouve réduit aujourd'hui, pour la grande masse, à l'ob servance de quelques pratiques cultuelles. Le journal de 1$ rue Drouot l'affirme, et nous n'avons aucune raison pour le démen tir. Mais alors, s'il est vrai que la doctrine soit à ce point indifférente, pourquoi tant protester contre la neutralité de l'école ? Cette neutralité, qui n'empêche personne de pratiquer en dehors des heures scolai res, n'est pas si détestable que les cléricaux et le Figaro lui-même veulent bien le dire....