Extrait du journal

FRANCE. ' Paria, V mars. En présence des hommes qui ont courageusement saisi le pouvoir .dans un jour de péril et de crise, les partis ont fait trêve à toute hostilité, à toute défiance. On n'a point contesté au gouvernement son principe ; on a reconnu les droits que lui créait la nécessité ; on lui a prêté, enfin, une pleine assis tance, et il a pu ainsi marcher dans sa force et dans sa liberté. L'ancienne opposition, qui a entendu si souvent, depuis dix-huit années, la France repondre à sa voix, a laissé le champ libre aux hommes que les événemens rendaient maîtres de la situation. Cette opposition a fait son œuvre, l'extrême gauche ensuite a fait la sienne ; maintenant doit commencer l'œuvre de tous. Les élections vont avoir lieu ; il ne faut pas quelles soient le triomphe d'un parti exclusif ; ce n'est point un parti, nous l'avons dit déjà, qui a vaincu la France, et c'est a la nation seule que doit profiter la victoire. Que tous ceux donc qui se sentent en état de la représenter dans F Assemblée constituante descendent dans la lice électo rale sans crainte ; de quelque point qu'ils viennent à ce com mun rendez-vous, ils doivent y trouver bon accueil, s'ils y apportent des preuves de patriotisme, de capacité et surtout de probité. A ce suiet nous devons répéter un mot qui mé rite de trouver des échos : a La République a besoin de tous ses enfans. » Sans doute la révolution qui vient de s'accomplir n'était pas appelée par tout le monde ; on peut même dire que ce brusque avènement de la République a surpris plusieurs de ceux qui la servent aujourd'hui. Mais à quoi serviraient les récriminations, les doléances, les regrets et surtout les résis tances? Il y a, disait Royer-Collard, de Vinévitable et de Vindomptable dans les choses humaines. Résister au courant serait d'un insensé ; s'asseoir sur la rive serait d'un lâche. N'y aurait-il pas, d'ailleurs, un immense péril à livrer le pouvoir constituant à ces hommes du lendemain, à ces mé diocrités intrigantes et bavardes qui sont occupées en ce mo ment à se créer des états de services patriotiques et qui vont se poser en nouveaux Lafayette? Les candidats sérieux ne doivent plus craindre l'influence illégitime du gouvernement. L'intrigue et l'intimidation ne seront plus, nous l'espérons, des puissances électorales au ser vice du pouvoir. Le gouvernement n'a d'autre mission que de protéger la liberté des suffrages, et cette mission, nous avons la confiance qu'il voudra, qu'il saura la remplir. Nous croyons pouvoir donner comme certain le mode sui vant, qui sera adopté pour la formation des listes électorales et pour le recensement des suffrages : La capacité électorale du citoyen est attestée par l'état civil de la mairie. Chaque électeur devra donc, pour se faire ins crire, se présenter à la mairie de son arrondissement ou de sa commune. La seule pièce justificative qu'il aura à présenter sera son acte de naissance ou tout autre acte de l'état civil pouvant en tenir-lieu. Sur le vu de cette pièce, le maire déli vrera un bulletin d'inscription certifié par lui, et contenant la mention des nom, prénoms, profession, âge et domicile du citoyen. Ces bulletins d'inscription, délivrés par le maire, seront en voyés par lui au chef-lieu de canton, et c'est à l'aide de ces bulletins que les listes d'électeurs devront être dressées. Il est inutile d'ajouter que ces listes recevront une large publicité, de manière à ce que chaque citoyen puisse faire rayer d'of fice les individus compris dans les incapacités de l'art. 6 du décret. Les listes dressées, des cartes individuelles faites d'après ces listes, seront, quelques jours avant l'élection, déposées dans...