Extrait du journal
FRANCE. Paris» 7 mal. Il y a, maintenant comme toujours, des partis de renversement et de ruines, dont la préoccupation constante est de tout attaquer, de tout décrier, de tout avilir ; satisfaits quand le pouvoir s'égare et que le mécontentement des esprits s'accroît avec leurs alarmes; irrités quand le calmé succède aux agitations et que la confiance commence à renaître-, prêts à exalter quiconque se fait l'instru ment de leurs passions ou de leurs projets ; implacables pour qui leur résiste-, se proclamant, de l'air du monde le plus naturel, ceux-ci les seuls représentans du principe d'autorité, ceux-là le dernier espoir de la cause libérale, et ne sachant ni respecter le pouvoir dans ce qu'il a de plus légitime ni comprendre la liberté dans ce qu'elle a de plus sacré. Ah ! c'est un triste spectacle et qui est fait pour instruire le pays s'il n'en détourne point ses regards que de voir les sentimens de | mépris et de révolte contre la puissance publique incessamment ^ prêchés par les hommes qui se croient destinés à restaurer en France les idées d'ordre et de hiérarchie, et en même temps l'into lérance la plus absolue pratiquée par ceux qui se présentent com me les défenseurs de tous les droits ! Certes, pour les uns et pour les autres, s'ils s'étaient sentis animés plutôt de convictions pro fondes que de passions haineuses ou destructives, il y avait un noble rôle à remplir en ramenant les esprits aux souvenirs du passé ou en les reportant vers les espérances de l'avenir. Si leur foi n'eût pas entraîné les masses, leur attitude au moins eût été trouvée di gne et respectable ; et si leurs prédications n'avaient pas changé les conditions d'existence du pouvoir, elles auraient pu souvent l'a vertir ou l'éclairer. Mais, livrés incessamment à un travail de démolition, et décidés à traiter, non en adversaires mais en ennemis tous ceux qui se lè veraient pour défendre des institutions si laborieusement conquises et qui n'ont pas été encore sincèrement appliquées, ils ne trouve ront rien de sensé, rien de satisfaisant, rien de louable, rien qui ras sure, rien qui encourage, rjen qui permette d'espérer, jusqu'à ce qu'une vaste confusion sorte des conflits violens qu'ils s'attachent, avec une égalé obstination, à entretenir ou à faire naître. Voilà pourtant les exemples qu'on nous propose.' voilà ce qu'on décore exclusivement du nom de d'évoùment aux principes ou de patriotisme ! voilà, dit-on, les seules bannières sous lesquelles il soit permis de s'enrôler quand on veut fuir celle de la servilité ou de la corruption! Il faut accepter un joug ou l'autre; on a le choix, rien de plus ; et pour voiis imposer cette espèce d'abdication vous trouverez d'accord aujourd'hui les radicaux et les ultra-monarchisles,;les conservateurs et les destructeurs de toutes les époques. Eh bien ! nous ne subirons volontairement, quant à nous, aucune espèce de contrainte ou de tyrannie nous ne prendrons conseil que de nos propres convictions, nous lutterons contre tous les mauvais vouloirs réunis, contre toutes les violences conjurées; nous saurons combattre les funestes tendances du gouvernement s'il y revient, comme on le prédit, sans nous jeter dans une politique de rancune et de désespoir. Nous n'avons pas, nous, contre lui de parti pris quoi qu'il lasse; nous n'avons pas la volonté de le détruire, et point d'intérêt par conséquent à l'entraver, à le déconsidérer, à l'all'aiblir ; nous n'hésiterons pas plus à lui prêter notre concours s'il se montre fidèle à la constitution, s'il offre de solides garanties à laliberté et une protection efficace aux intérêts nationaux, que nous ne craindrions de lui résister s'il mettait en péril ces droits ou ces intérêts qui nous sont aussi chers qu'à personne, et que nous avons juré de défendre. Telle est la ligne de conduite que la gauche a constamment sui vie. Les séductions ne l'en feront pas dévier, les invectives ne feront que l'y affermir. D'autres tiennent surtout à paraître indépendans,...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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