Extrait du journal
CHAMBRE DES DÉPUTÉS. — LOI DES SUCRES. Le ministère s'est franchement expliqué aujourd'hui ; il a dit à la commission : Je maintiendrai le chiffre de 27 fr. que j'ai pré senté pour la betterave-, tout au plus consentirai-je à réduire l'im pôt à 25 fr., ce qui porterait à 22 fr., au lieu de 19 fr. 80 c., la protection accordée à la sucrerie indigène. Aux. partisans de la suppression de cette industrie par voie d'indemnité, le cabinet a, déclaré, par l'organe de son président, qu'il combattrait à outran ce celte mesure dans tous les degrés de la hiérarchie constitution nelle. , ' .... Malgré le prôdigleux talent développé par &ï. le président du conseil, la déclaration de résistance à outrance nous semble ce qu'il y a de plus difficile à réfuter dans son discours, car enfin si le gouvernement est fermement résolu à ne pas souscrire à l'inter diction, il lui sera possible de la faire rejeter par la chambre des pairs et de rester ainsi dans les termes de l'ordonnance de dégrè vement , ceux précisément que M. Thiers veut faire accepter, avec cette seule différence qu'il procède par l'élévation au lieu de procéder par l'abaissement de l'impôt. Il est vrai que dans le cas du statu quo, par ce moyen extrême le trésor ferait une perte con sidérable ; mais, nous ne croyons pas la chambre disposée plus que le ministère aux. partis définitifs, et selon toute apparence, l'affaire se terminera par une transaction dont M. Thiers a démontré, sinon la nécessité du moins la convenance au point de vue pratique. M. le président du conseil a cité un grand nombre de faits et de chiffres dont l'exactitude ne saurait être contestée. Ce sont quel ques-unes des conséquences qu'il en a tirées qui nous paraissent contestables. Pour établir l'importance de nos colonies par rapport à noire marine, M. Thiers a dit : L'inscription maritime présente, toutes déductions faites, 05 à 50,000 matelots ; le commerce avec les colonies en emploie 6,000 ; la proportion entre ces deux chiffres est de 1 à 9. Mais les colonies consomment le tiers du produit de nos pêcheries, qui occupent 12,000 matelots ; soit, 4,000 à reporter au compte des colonies. Alors la proportion est de 10 sur 55. On voit par là que M le président du conséil ne fait aucune différence entre les matelots de la grande navigation et ceux du petit cabotage. Ce n'est pas tout, il existe sur nos côtes 10 à 12,000 matelots étrangers, pécheurs et ciiboteurs, qui jouissent de tous les avantages de la nationalité sans en supporter les charges. On peut, par un ar ticle de loi, les soumettre à l'inscription et en porter le chiffre à 65 ou 60,000 marins valides. La proportion n'est plus alors pour les matelots employés à la navigation coloniale que de 10 contre 65. M. le président du conseil va plus loin : à ces 65,000 hommes, dont un sixième n'est pas même encore saisi par la loi, il ajoute 20 à 2-2,000 hommes du recrutement, ces auxiliaires pouvant entrer pour un tiers dans la composition des équipages, et les marins oc cupés par nos relations avec les colonies ne sont que comme un est à huit par rapport à l'effectif général de la marine. Remarquez que, pour arriver là, il faut les mettre en comparaison avec tous les caboteurs, pécheurs d'huîtres, rôdeurs de criques et aussi avec les hommes du recrutement qui ne sont pas plus marins que M. le gé néral Rugeaud. Voici la situation au vrai : Notre commerce réservé avec les co lonies emploie les deux cinquièmes des matelots qui se livrent à la grande navigation, et un tiers des marins qui pratiquent la grande pèche. L'importance de ce commerce, par rapport à la marine mi litaire est donc plus grande que ne le dit M. le président du conseil, car il est impossible de ne pas reconnaître qu'un matelot du long cours devient un matelot de haut bord plus vite et plus facilement qu'un caboteur....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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