Extrait du journal

proclamer sa loi, car il a ses prophètes, Moïse, Isaïe, Elie, qui étaient des hommes de Dieu, et non pas des bâtards comme toi. La fureur du malheureux visionnaire allait grandissant, l'écume lui montait à la bouche, la pierre qu'il tenait brûlait dans sa main; la voix, d'abord contenue, prenait des accents stridents; incapable de modérer sa fureur, épuisé, haletant, il poussa un cri: — Imposteur! Cette apostrophe retentit au milieu du si lence recueilli des fidèles, comme un coup de tonnerre. — Imposteur ! depuis le jour de ta nais sance tu n'as fait que du mal aux hommes. Que tout le sang qui a coulé en ton nom re tombe sur ceux qui croient en toi ! En criant ces ;paroles avec la force que donne la démence, il lança le caillou contre l'image du Christ et l'atteignit au cœur; la toile se déchira, et la pierre en tombant re bondit sur les dalles. Un cri d'horreur par courut l'assemblée, qui se rua sur le mal heureux fou. Les hommes lui tombaient dessus à coups • de pied et de poing, les dévotes l'égratignaient et lui crachaient au visage ; d'au tres emportaient dans leurs mains des touf fes de ses cheveux ou de sa barbe, des lambeaux de ses Vêtements déjà déchirés. Froïm ne sentait ni les coups,.ni les égratignures, ni les meurtrissures ; il répétait comme dans un rêve : — Imposteur! rends-moi ma fille ! Il ne cessa point son réquisitoire contre le Dieu de ses ennomis, quand les gendar mes l'emmenèrent dans une voiture, pour le soustraire aux mauvais traitements de la foule. (La fin à demain)...